Mauritanie: Ely, le cousin qui rêve de faire sauter Aziz

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Le 26/08/2016 à 08h38, mis à jour le 06/05/2017 à 00h17

Revue de presseL’un était chef des renseignements, tandis que l’autre était à la tête de la garde présidentielle. Le premier a assuré la transition démocratique, le second s’est emparé du pouvoir. Ils sont cousins et ils se détestent: des joutes sont en vue pour 2019. "Un Dallas à la sauce Beydane".

Kiosque Le360 Afrique. Mohamed Abdel Aziz, d’un extrême effacement durant les 21 ans de règne de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, lui doit sans doute d’être au pouvoir aujourd’hui. Lui, c’est Ely Ould Mohamed Vall, auteur du coup d’Etat d’août 2005 et qui a fait deux ans à la tête du pays avant de passer le relais à un président démocratiquement élu. Mais, lui c’est aussi le cousin de l’actuel président, que les Mauritaniens apostrophent sous le nom d’Aziz. Enfin, Ely, putschiste qui s’avéra être un démocrate, est aussi le plus faraouche opposant au régime d’Aziz.

Antagonisme clair

Aziz le sait, Ely ne l’aime pas et lui non plus. Comment l’aurait-il aimé d’ailleurs, puisque lui, Aziz, président actuel, a osé mener un coup d’Etat et arracher le pouvoir des mains d’un chef d’Etat démocratiquement élu, en l’occurrence Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Or, c'est un secret de polichinelle, ce dernier avait tout le soutien d'Ely, qui a grandement conribuer à le faire élire. Ely avait-il l'ambition de revenir au pouvoir, en passant cette fois par des élections libres? Oui, répondent les observateurs de la scène politique mauritanienne qui en veulent pour preuve sa candidature aux premières élections sous le régime d'Aziz. 

Le coup d'Etat d'Aziz, c’était, en août 2008, un an et cinq mois, après que Sidi Ould Cheikh Abdellahi ait été porté à la présidence grâce aux élections qu’avait organisées Ely. Aziz est donc auteur d’un impardonnable outrage envers Ely, dont cette transition est "un fait de gloire", comme le dit Mehdi Bâ de Jeune Afrique. Ce dernier, faut-il le rappeler, n’avait jamais accepté d’être appelé "président", "parce que, disait-il, au Washington post en avril 2006, un tel titre ne doit être porté uniquement par un chef d’Etat élu". Donc, l’antagonisme entre Ely et Aziz est clair.

Cousins, mais pas à plaisanterie

Si en Afrique, le cousinage est souvent matière à plaisanterie, Jeune Afrique note que ce n’est pas le cas en Mauritanie. "L’artisan de la transition démocratique se pose en farouche adversaire du régime", écrit Mehdi Bâ. Il y a de quoi fourbir ses armes pour Ely, le cousin germain d’Aziz, en vue des prochaines joutes électorales. Aziz, qui n’est pas en odeur de sainteté chez beaucoup d’hommes influents du pays, lui a fourni de nombreux alliés. L’un des premiers et un autre de leur cousin, l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, qui fut un temps considéré comme l’une des deux premières fortunes de la Mauritanie. Aujourd’hui, il s’est exilé au Maroc.

La revanche d'Ely

C’est dans cette ambiance, entre cousins ennemis, que se prépare une revanche. Ely, ayant été battu aux élections de 2009, veut un remake en 2019 où il espère sortir vainqueur. A 62 ans, celui qui a longtemps été à la tête des services de renseignement mauritaniens du temps de Ould Taya, sait qu’il a toutes ses chances. Car Aziz est devenu impopulaire à l'intérieur du pays et s'est égalemet éloigné de ses voisins.

L’actuel président mauritanien, pour asseoir son pouvoir a écrasé des hommes influents et se fait des ennemis aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur (lire l’Article de Le360). L’heure est donc proche pour Aziz. Et l’occasion trop belle pour Ely.

Par Ismail Traoré
Le 26/08/2016 à 08h38, mis à jour le 06/05/2017 à 00h17