Travailleurs saisonniers: après le Maroc, l’Espagne veut tenter l’expérience avec le Sénégal

Entre avril et juin 2022, 17 jeunes Sénégalais ont été recrutés par des entreprises agricoles espagnoles pour la cueillette de fruits dans la province d’Albacete.

Le 07/03/2023 à 15h13

L’Espagne envisage de recruter de jeunes travailleurs saisonniers sénégalais pendant la saison des récoltes. Une manière de freiner l’immigration clandestine et combler le déficit en main d’œuvre dans le secteur agricole.

Une alternative à l’immigration clandestine. C’est ce que souhaite mettre en place l’Espagne avec le Sénégal, à travers un programme pilote de migration circulaire. En clair, Madrid voudrait recruter 100 Sénégalais pour qu’ils y travaillent en tant que saisonniers pendant la saison des récoltes, selon l’agence Reuters, qui cite une source au ministère espagnol des Migrations.

Une initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un programme pilote qui devrait démarrer en avril prochain. Ces travailleurs pourront ainsi retourner au bercail une fois le travail achevé, et espérer revenir la prochaine saison des récoltes qui s’étale d’avril à juin.

Le choix de Dakar pour l’implémentation de ce projet est loin d’être fortuite. Il existe déjà une relation de confiance qui s’est déjà tissée entre les deux partenaires, après un test réussi et approuvé. Entre avril et juin 2022, 17 jeunes Sénégalais ont été recrutés par des entreprises agricoles espagnoles pour la cueillette de fruits dans la province d’Albacete, entre Valence et Madrid. Des employés qui étaient payés 8 euros l’heure, et disposaient d’un logement à l’hôtel, d’une sécurité sociale, et étaient retournés au Sénégal après ce contrat de trois mois, d’après le quotidien espagnol El Pais.

Si ce programme venait à se concrétiser, le Sénégal serait ainsi le premier pays d’Afrique de l’Ouest partenaire de l’Espagne dans ce genre de programme. Une migration circulaire que le pays ibérique a réussi à développer avec le Maroc depuis plus de deux décennies, à travers le recrutement annuel de près de 15.000 travailleurs agricoles saisonniers marocains dans les champs, notamment dans la ville de Huelva. Ce programme pourrait également inspirer d’autres pays de la région comme la Guinée, la Côte d’Ivoire, ou encore le Mali, pays émetteurs d’importants flux de migrants irréguliers qui débarquent chaque année aux Iles Canaries, via les côtes marocaines.

Au total, 31.219 migrants sont entrés illégalement en Espagne en 2022, contre 41 945 en 2021, soit une baisse de 25,6%. D’après les autorités espagnoles, les Iles Canaries ont enregistré «la baisse la plus significative» du nombre d’arrivées, qui sont passés de 22.316 à 15.682 durant la même période. Une baisse en trompe-l’œil puisque le phénomène persiste toujours. Outre la lutte contre l’immigration clandestine, cette migration circulaire permettra à l’Espagne de combler la pénurie de main d’œuvre dans le secteur agricole.

Par Elimane Sembène
Le 07/03/2023 à 15h13