Djibouti et l'Erythrée qui ont des relations heurtées depuis plusieurs années pourraient bien entrer en conflit ouvert d'un moment à l'autre. En effet, depuis 2008, après un bref affrontement ayant fait plusieurs dizaines de morts, le Qatar avait offert sa médiation. Doha avait stationné ses troupes sur la zone de Ras Doumeira considérée par les deux Etats d'Afrique de l'Est comme étant une partie intégrante de leur territoire respectif. Mais, suite à la crise du Golfe, le Qatar a retiré ses troupes le 15 juin dernier, en "le notifiant à l'une des parties, en l'occurrence Djibouti", affirme Moussa Faki Mahamat. Et d'ajouter: "j'ai envoyé une mission à Djibouti et une autre en Eryrhrée qui n'a pas été autorisée".
On peut aisément deviner que l'émissaire en question est Smaïl Chergui qui est à la tête du conseil Paix et sécurité de l'Union africaine. Mais, on mesure le retard pris par cette organe qui devait déployer des observateurs à Ras Doumeira dès les premières heures du retrait du Qatar.
En effet, la situation est très tendue du fait que l'un des protagonistes, en l'occurrence l'Erythrée semble plus belliqueux que l'autre. D'ailleurs, lors de ce sommet d'Addis Abeba, Mahmoud Ali Youssef, le ministre Djibouti des Affaires étrangères l'a rappelé à plusieurs reprises. "Les troupes du Qatar sont parties précipitamment sans que nous nous y préparions. Or, laisser le status quo n'est pas dans l'intérêt des deux pays", a-t-il dit. "Nous appelons l'Union africaine à agir rapidement pour combler le vide", a-t-il insisté.
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Sauf que pour Smaïl Chergui dont le budget entre ses mains représente 62% du total des fonds dont dispose l'Union africaine, ni Djibouti et L'Erythrée, ni la Centrafrique, ni le Nord Mali, ni la République démocratique du Congo ne figurent parmi les priorités. Durant ce sommet qui a pris fin hier mardi 4 juillet, le seul rapport présenté par le Conseil Paix et sécurité concerne le Sahara Marocain pour lequel il appelle les parties à "s'engager dans des pourparlers directs et sérieux".
Evidemment, Smaïl Chergui dont la réélection à la hussarde a nécessité, semble-t-il et d'après l'agence de presse nigériane, l'intervention d'une main invisible qui a permis d'écarter la concurrente nigériane Amina Mohamed en janvier dernier. Visiblement, il se sent plus redevable envers ceux qui ont agi en coulisses pour le porter une nouvelle fois à la tête de cette commission que des 53 autres pays de l'Union africaine. C'est pourquoi ceux qui veulent de lui qu'il agisse avec responsabilité concernant les points chauds du continent peuvent toujours attendre.