Algérie. trafic de cocaïne: ce que risque Alger comme sanctions américaines

L'entourage du président Bouteflika profite de l'affaire la drogue pour effectuer une véritable purge au sein de l'appareil sécuritaire.

L'entourage du président Bouteflika profite de l'affaire la drogue pour effectuer une véritable purge au sein de l'appareil sécuritaire. . DR

Le 24/07/2018 à 17h47, mis à jour le 24/07/2018 à 17h49

S'il s'avère que des responsables algériens sont impliqués dans le trafic de drogue qui secoue l'Algérie, le gouvernement américain sera amené à prendre de sévères sanctions qui mettront à genou une économie déjà exsangue. En haut lieu, on panique et on limoge à tout-va.

Les dirigeants algériens risquent gros s'ils sont convaincus d'avoir trempé dans le trafic de drogue. En effet, il y a deux semaines environ, Washington brandissait des menaces à peine voilées à l'endroit des mafiocrates, mais aussi envers Alger, L'administration américaine affirmant qu'il y aurait des "conséquences sur l'Etat" algérien si les enquêtes révélaient l'implication des autorités algériennes dans ce qui est devenu une vraie affaire d'Etat. 

En effet, la loi américaine autorise le gouvernement ainsi que les agences de sécurité comme la CIA à mener des actions en justice et à prendre toutes sanctions appropriées contre tout Etat ayant utilisé des dollars américains dans un trafic de drogue. Or ici, il ne fait aucun doute que vu l'importance de la quantité et la valeur en jeu, le dollar a probablement servi dans les échanges. La quantité saisie aurait une valeur marchande supérieure à 250 millions de dollars. 

Depuis que Washington a sorti sa menace, Alger semble prise de panique. Plusieurs hauts responsables ont été mis à l'écart dont certains ayant eu des liens certains avec le principal accusé dans cette affaire, à savoir Kamel Chikhi. Mais l'Algérie veut absolument faire croire à une purge au sein des services de sécurité. Certes, les apparatchiks en profitent pour règler leurs comptes, mais l'énorme vague de licenciement ne fera pas oublier que tout est parti d'une déclaration de Abdelghani Hamel, alors chef de la police, concernant cette affaire de drogue. 

En effet, Hamel avait déclaré, le 26 juin dernier, que "celui qui veut lutter contre la corruption doit avoir les mains propres". C'est dans la même journée qu'il avait été écarté, probablement pour éviter qu'il en dise trop sur l'implication des hauts responsables du régime. Car cela serait synonymes de lourdes sanctions de la part des Etats-Unis. C'est très logiquement que plusieurs autres responsables ont été écartés, probablement pour les mêmes raisons. 

Ce qui est clair, c'est que si l'enquête révèle une quelconque responsabilité, l'Algérie connaîtra de lourdes sanctions qui peuvent aller jusqu'à l'interdiction des banques américaines d'exécuter des transferts de la devise américaine en sa faveur. Pour un pays qui lutte difficilement en vue de sortir d'une grave crise financière, ce serait la banqueroute annoncée. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/07/2018 à 17h47, mis à jour le 24/07/2018 à 17h49