Union africaine: Un vent de révolte féministe souffle sur Chergui

Un vent de révolte souffle sur Chergui.

Un vent de révolte souffle sur Chergui. . DR

Le 15/08/2018 à 12h33, mis à jour le 15/08/2018 à 14h50

Revue de presseLes femmes de la Commission Paix et sécurité que dirige Smaïl Chergui lui reprochent une série de pratiques discriminatoires. L'enquête est confiée à la féministe sénégalaise Binta Diop.

Smaïl Chergui, le puissant commissaire de l'Union africaine pour la Paix et la sécurité, est visé par une enquête pour sexisme. C'est ce qu'affirme l'hebdomadaire Jeune Afrique dans un artice publié ce mercredi 15 août 2018. On lui reproche, entre autres manquements, des discriminations envers les femmes. L'enquête est confiée à une cellule dirigée par Binta Diop, infatigable militante sénégalaise des droits de la femme. Elle est fondatrice de l'ONG Femmes Africa solidarité. 

C'est en mai dernier que le journal sud-africain Mail&Guardian a ébruité "l'apartheid professionnel" dont sont victimes des dizaines de femmes. Au total, elles sont 37 fonctionnaires de l'organisation continentale à avoir saisi le Président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, pour se plaindre d'être victimes de traitements routiniers, d'humiliations, de discriminations à cause de leur statut de femme. Cette première lettre qui datait du 25 janvier dernier n'avait pas encore parlé de Smaïl Chergui dans les détails. 

Mais dès le 14 février suivant, le nom du diplomate algérien allait clairement être mis en exergue dans un deuxième mémo parvenu à Moussa Faki Mahamat. Signé par 5 femmes cadres au sein du département Administration et ressources humaines de la Commission Paix et sécurité que dirige Smaïl Chergui. "Il décrit une situation "toxique" dans le département, notamment à son sommet". 

Toujours selon Mail&Guardian, "ce mémo accuse Chergui d’avoir abusé de ses pouvoirs afin de privilégier ses candidats préférés pour des postes et de s’ingérer dans le processus d’entretien et de recrutement. En particulier, il a réitéré des irrégularités dans la procédure de nomination d'un adjoint de la division de Gestion de crise, en particulier lors de la nomination du responsable permanent de la Prévention des conflits". 

Les femmes plaignantes affirmaient que "le Commissaire (Chergui, NDLR) prend seul la décision d'établir une shortlist de candidats, tout en bouleversant l'ordre de mérite, en écartant des noms, en en ajoutant d'autres. De ce fait, le processus de recrutement devient interminable". 

Dans un premier temps, le cabinet de Moussa Faki Mahamat avait clairement nié avoir de reçu de telles correspondances faisant état de harcèlement ou de discrimination. Néanmoins, l'ouverture de cette enquête contre Smaïl Chergui prouve bien que les révélations du Mail&Guardian sont fondées. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/08/2018 à 12h33, mis à jour le 15/08/2018 à 14h50