Le cours du baril de pétrole a franchi ce matin du jeudi 25 avril la barre des 75 dollars. C’est le plus haut niveau atteint depuis le début de l’année. A Londres, ce matin, le Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’est apprécié de 0,73% et se négociait à 75,30 dollars, après un pic à 75,42 dollars. Il s’agit du plus haut niveau atteint par le cours du baril de pétrole depuis le 31 octobre 2018.
Quant au brut léger américain (WTI), il s'est traité à 66,12 dollars, en hausse de 0,35%.
Si plusieurs facteurs expliquent cette situation, la principale raison de cette soudaine flambée du cours de l’or noir est liée à la décision du président américain Donald Trump de durcir les sanctions américaines contre l’Iran.
Lundi dernier, Trump a annoncé son intention de mettre fin, dès le 2 mai prochain aux exemptions de sanction qui permettent à 8 pays (la Chine, l'Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l'Italie et la Grèce) de continuer à importer du brut iranien.
A travers cette décision, le président américain souhaite «porter à zéro les exportations» et «priver le régime [de Téhéran, Ndlr] de sa principale source de revenus».
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Cette décision soudaine a surpris le marché, entraînant une hausse des cours du baril de l’or noir, sachant que l’Iran exportait 1,7 million de baril de pétrole par jour dont près de 630 000 barils vers la Chine.
La Chine a d’ailleurs immédiatement affiché son opposition à ces sanctions unilatérales américaines.
A cette décision, vient s’ajouter celle de l’arrêt d’une partie des exportations de brut russe vers l’Europe. En effet, la Pologne, l’Allemagne et la République Tchèque ont décidé de suspendre leurs importations du pétrole russe via l’oléoduc de Droujba, arguant une détérioration de sa qualité.
Or, cet oléoduc a une capacité maximale d’un million de baril par jour, soit 1% de la demande mondiale. Et à cause de ces suspensions, c’est une baisse de quelque 700 000 bpj qui est enregistrée.
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A cela, s’ajoutent aussi les crises frappant la Libye et le Venezuela, et qui affectent la production de ces deux exportateurs de pétrole.
Cette situation intervient un moment où le marché semble souffrir d’un déficit de l’offre après la décision des pays de l’OPEP et de certains grands producteurs de respecter leurs quotas de production dans le but de soutenir les cours de l’or noir.
Toutefois, les analystes ne tablent pas sur une flambée des cours du baril de pétrole. D’abord, la Chine ne compte pas céder à la pression américaine.
Un responsable chinois a expliqué à cet égard que Pékin continuerait à «sauvegarder les droits légitimes des entreprises chinoises».
En conséquence, le marché s’attend à une augmentation des importations de la Chine à partir de l’Iran.
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Ensuite, l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, est prête à «stabiliser» le cours, sur les injonctions du président américain, pour compenser la baisse des exportations iraniennes, en cas de sanctions américaines contre l’Iran.
Enfin, la hausse de la production des Etats-Unis pourrait aussi jouer un rôle d’amortisseur de cette hausse des cours. En effet, la production américaine a atteint, à fin mars, un niveau record de 12,2 millions de barils par jour.