Moncef Marzouki a encore frappé. Le premier président de l'ère post-Ben Ali est à nouveau l'auteur d'une sortie au vitriol contre le régime de son voisin qui cherche depuis quelque temps à avoir les meilleures relations possibles avec Tunis.
Dans une interview accordée à Al Khaleej, chaîne arabe du Golfe, il a notamment mis en exergue l'ingérance d'Alger pour faire échouer la révolution de 2010-2011 contre Zine El Abidine Ben Ali, mais également dans la période qui a suivi, c'est-à-dire au moment où lui-même était aux affaires étrangères. Donc, il parle en connaissance de cause.
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Selon lui, «les autorités algériennes ont combattu la révolution tunisienne et lui ont été hostiles pendant ses premières années. Ce qu’a enduré la révolution tunisienne de la part de l’Algérie n’est pas moindre que ce que lui ont fait subir les Émiratis, même si c’était d’une manière différente».
Il affirme avoir rencontré Abdelaziz Bouteflika, alors président, pour lui donner l'assurance que la révolution tunisienne ne cherchait aucunement à aller au-delà des frontières du pays, mais visiblement le régime algérien avait trop peur d'être renversé par un mouvement similaire.
Moncef Marzouki ne s'est pas arrêté à cette interview. En effet sur les réseaux sociaux, il a bien expliqué ne rien avoir contre l'Algérie et son peuple dont il a "hissé le drapeau le 1er novembre 2014 au palais de Carthage". En revanche, il assume clairement en vouloir au régime algérien qu'il qualifie de corrompu.
«Si on avait dit que je me suis attaqué au régime algérien qui nous a porté atteinte, -oui, il nous a porté atteinte ainsi qu’au peuple algérien- en tant que partie du système des régimes arabes corrompus, j’aurais pris cela pour des éloges», a-t-il défendu, notamment en réponse à des propos du parti Ennahda qui veut se désolidariser de lui.
Il convient de rappeler que beaucoup d'ex-dirigeants tunisiens ont récemment rappelé les fourberies et l'inacceptable ingérance d'Alger qui a toujours considéré Tunis comme une anomalie géographique.
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Pas plus tard qu'en décembre dernier, Ahmed Ounaïs, ancien ministre des Affaires étrangères du temps de Ben Ali, l'avait d'ailleurs clairement dénoncé en expliquant que l'échec du Grand Maghreb était imputable à la seule Algérie. Par la même occasion, il avait rappelé la tentative de déstabilisation de son pays par l'Algérie en 1980.
Avant Ounaïs et avant Merzouki, c'est Othman Kechrid, qui était ministre de l'Intérieur lors des évènements de Gafsa, qui fut le premier à le dire dans ses mémoires publiées en 2013. Il expliquait clairement comment le président Boumediène avait mis en place un commando financé par l'Algérie pour venir faire une incursion à Gafsa afin de déclencher une révolution armée. Heureusement, l'amateurisme des pieds nickelés qui avaient été recrutés a fait échoué cette opération.