C’est une nouvelle preuve que le gouvernement algérien a été durement secoué par la crise économique consécutive à la baisse des recettes pétrolière dans le sillage de la chute des cours du baril de l'or noir. En effet, face au déficit budgétaire abyssal qui n’a cessé de se creuser durant toute l’année 2016, et ne souhaitant pas voir se fâcher contre lui un peuple habitué à une perfusion de l’Etat sous forme de subventions sur presque tous les produits de base dans le but d’acheter la paix sociale, l'Etat a puisé à nouveau dans le Fonds de régulation des recettes.
Conséquence, le matelas financier que l’Algérie a construit durant plusieurs années a fondu en l’espace de deux ans. En effet, et alors que le solde du FRR ressortait à 4.408,5 milliards de dinars à fin 2014, celui-ci a fondu de 2.336 milliards de dinars pour s’établir à 2072,5 milliards à fin 2015. Le prix du baril de pétrole ne s’étant pas relevé, le gouvernement algérien a continué à pomper sur les réserves du FRR en puisant 1.232,5 milliards de dinars en 2016 pour faire face au déficit budgétaire qui continuait de se creuser.
Le Fonds de régulation des recettes algériens fortement entamé
Conséquence, à fin décembre 2016, le FRR ne dispose que d’un solde de 840 milliards de dinars dont 740 milliards de dinars représentant un solde minimum obligatoire qui ne pouvait pas donc être utilisé et un surplus de fiscalité pétrolière de 98 milliards de dinars. En clair, le véritable FRR s'ets épuisé.
Et conscient que le FRR pourrait être sollicité encore en 2017, malgré les mesures prises dans la loi de finances –hausse des taxes et baisse des subventions sur les produits de premières nécessité-, le gouvernement algérien a pris la précaution, lors de l’élaboration de la loi de finances 2017, de supprimer le seuil lié au solde minimal obligatoire du FRR fixé à 740 milliards de dinars, sachant à l’avance que 100 milliards de dinars restant dans la cagnotte, soit 900 millions de dollars, n’allaient pas suffire à éponger le déficit budgétaire durant les 6 premiers mois de l’année en cours, dans le meilleur des cas, à défaut d’une hypothétique nouvelle flambée des cours du pétrole.
L'Algérie a épuisé le matelas de ses réserves tirées du pétrole
Reste que si la conjoncture n’évolue pas favorablement au niveau du marché pétrolier, le déficit continuera à se creuser et le FRR, y compris l’ancien solde minimum obligatoire, sera insuffisant pour combler le déficit, sachant qu'il faut un baril de plus de 80 dollars en 2017 pour que le budget algérien retrouve son équilibre.
Cependant, il faudra que le gouvernement continue à acheter la paix social en subventionnant certains produits de base. Mais avec l'épuisement du FRR, dont il ne reste plus qu'à racler le fond, sa marge de manoeuvre est très reduite. D'autant plus qu'avec les émeutes de Béjaîa, il ne semble plus disposer de marge pour faire passer la pilule amère de fin des subventions à une population habituée à cette inégale répartition des richesses pétroiières.
Partant, le recours au marché international de la dette reste la seule solution. Une alternative qui n’est plus un sacrilège pour les dirigeants algériens, qui ont déjà tâté ce marché en 2016.