Après avoir échoué à réduire la facture des importations de 15% en 2015, le premier ministre algérien était revenu à la charge au début de l’année dernière dans une note aux banques algériennes avec un objectif clair: réduire la facture des importations de 15% en 2016.
Tâche difficile pour un pays ayant une facture des importations crevant le plafond, du fait qu’il importe presque tout à cause de l’absence d’industries de substitution, les politiques ayant mis l’accent uniquement sur l’industrie lourde liée au secteur des hydrocarbures. Du coup, il fallait des mesures énergiques pour que le gouvernement n’échoue pas pour une seconde fois dans sa politique de réduction de 15% de la facture des importations.
Algérie: le déficit commercial reste incontrôlable
En 2015, la facture des importations a été réduite de 12,08% par rapport au niveau de 2014. Et face à cet échec, il fallait frapper plus fort. Ainsi, en 2016, il a été décidé la mise en place de quotas d’importations pour certains produits (véhicules neufs, fer à béton, etc.) et l’interdiction d’importations de plusieurs produits. Une situation qui a eu pour conséquence, le développement des circuits parallèles et la hausse des prix des produits concernés. Ainsi, le prix des véhicules a augmenté de 15% en 2016 et le marché des véhicules d’occasions a explosé.
En dépit de ces mesures, le montant des importations est seulement passé de 51,7 milliards de dollars en 2015 à 46,72 milliards de dollars en 2016, enregistrant une baisse de 9,62%, (-4,98 milliards de dollars). On est ainsi encore loin des 15% exigés par Sellal. La baisse a été d’ailleurs beaucoup moins importante que lors de l’exercice 2015, ce qui peut s’expliquer par le fait que la politique de réduction des importations commence à atteindre ses limites. En effet, pour limiter les importations, il faut disposer d’une offre locale à même de répondre à la demande de la population. A titre d’illustration, l’Algérie qui importait plus de 180.000 véhicules neufs avant la mise en place du système de quotas, ne compte produire que 40.000 véhicules en 2017, dans le meilleurs des cas. Du coup, pour disposer de sa voiture, les Algériens sont obligés de commander et de patienter autant que possible, sinon de recourir au marché de l’occasion qui flambe avec tous les désagréments occasionnés par les voitures de seconde main.
Algérie: les importations de véhicules en chute de 73,74%
Conséquence de cet échec, selon les données de la Douane algérienne relative au bilan de l’activité du commerce extérieur au titre de 2016, le déficit commercial s’est creusé de 30,12% passant de 13,71 milliards de dollars en 2015 à 17,84 milliards de dollars en 2016.
Outre la baisse limitée de la facture des importations, les exportations algériennes, dépendantes à hauteur de 93% des hydrocarbures, ont enregistré une contraction de 16,7% (-5,78 milliards de dollars) à 28,88 milliards de dollars à cause notamment de la chute du cours du baril de pétrole. Les recettes pétrolières du pays ont chuté de 17,12% (-5,6 milliards de dollars) à 27,1 milliards de dollars
Conséquence, le taux de couverture des importations par les exportations a baissé de 5 points passant de 67% à 62%.
Bref, pour réussir sa politique de réduction des importations, l’Algérie doit d’abord diversifier son économie et sortir du tout hydrocarbure. Ce n’est qu’en développement des industries de substitution aux importations qu’elle pourra réduire durablement et efficacement la facture des importations. Tout un programme.