Liberté économique: trop "corrompue et instable" l'Algérie dans les 10 derniers mondiaux

DR

Le 20/02/2017 à 18h06, mis à jour le 20/02/2017 à 19h33

Revue de presseHeritage Foundation vient de publier son rapport 2017 sur la liberté économique. Avec sa bureaucratie excessive et une corruption active à tous les étages, l'Algérie y occupe la 172e place mondiale, ne devançant que huit pays dont la Corée du Sud, le Venezuela, l'Erythrée et le Zimbabwe.

Kiosque le360 Afrique. Entre l’image que vendait Abdelaziz Bouteflika dans le rapport d’Oxford Consulting Group et la perception d'Heritage Foundation, il y a un écart vaste comme un océan. Dans le rapport 2017 du think tank américain, l’Algérie est décrite dans des termes peu élogieux comme un Etat attardé en ce qui concerne le climat des affaires et dirigé par une administration dont l'incompétence est notoire.

L’Algérie classée pays "non libre" par Freedom House

Le pays que Bouteflika dirige depuis 17 longues années ne veut partager avec aucun autre dans le monde sa 172e place dans l’Indice des libertés économiques, sur 180 pays classés. Non seulement l’Algérie végète parmi les pays les plus répressifs économiquement, mais elle ne devance que ceux dont la présence dans le bas du tableau ne surprend personne. Il y a l’indéboulonnable Corée du Nord qui arrive bonne dernière. On y retrouve également deux grands amis de l’Algérie, à savoir le Venezuela (179e) et Cuba (178e). Le Zimbabwe (175e) à la tête duquel s'éternise le nonagénaire Robert Mugabé et l’Erythrée (176e) d’Issayas Afwerki, dictateur paranoïaque, se placent également juste derrière le pays pétrolier d’Afrique du Nord.

Risque pays élevé

D’abord, pour Heritage Foundation, l’Algérie est minée par un risque politique énorme et son administration est ankylosée à cause d’un excès de bureaucratie. Résultat: les investisseurs fuient le pays comme la peste. Selon les auteurs de l’étude, "les faiblesses institutionnelles continuent de réduire à néant les perspectives d'un développement économique durable à long terme en Algérie". De même, le rapport dénonce "une incertitude politique persistante et une attitude négative à l'égard des investissements étrangers". Au final, il est impossible à l’économie algérienne de "s’intégrer dans l’économie mondiale". De même, quand elles ne sont pas négligées, les politiques visant à soutenir des réformes durables sont purement et simplement détournées de leur objectif.

Corruption à tous les étages

Ensuite, l’Algérie est un pays corrompu, estime Heritage Foundation. Ce mal quasi incurable touche aussi bien les entreprises que l’administration. Quant à la justice, elle est opaque et à la botte du pouvoir exécutif et du mieux-disant financièrement. L’opacité et la lenteur du système judiciaire ont fait l’objet d'un large commentaire dans le rapport 2017. De plus, l’économie algérienne est dominée par l’informel qui atteint près de la moitié des transactions, selon les auteurs du rapport.

Enfin, le marché financier, qui est à un niveau embryonnaire, n’échappe pas aux maux cités précédemment: corruption endémique et bureaucratie excessive sont le lot quotidien des clients. En Algérie, la bourse avec ses 5 sociétés cotées est presque inexistante. Du coup, les entreprises n’ont que le secteur bancaire comme interlocuteur. Sauf que les banques publiques qui dominent le secteur n’ont toujours pas la culture de la relation client. Elles traitent les investisseurs, les chefs d’entreprises ou les ménages comme de simples administrés.

Bref, d’après le rapport, l’incompétence est bien la chose la mieux partagée dans le monde algérien des affaires. C’est ce qui a poussé un confrère à écrire qu’avec un peu plus d’effort dans le sens de la médiocrité, l’Algérie n’aura aucun mal à déloger la Corée du Nord.

Défiler pour voir le Top 10 de Heritage Foundation:

See Full List of Country Rankings

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/02/2017 à 18h06, mis à jour le 20/02/2017 à 19h33