Guinée. Grève des enseignants: accord in-extremis au soir d'une journée mouvementée

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Le 20/02/2017 à 21h04

Le gouvernement guinéen n’a pu empêcher ce lundi 20 février les manifestations dans les rues de Conakry. A l’origine de la colère des jeunes, la fermeture des écoles depuis maintenant trois semaines. Dans la soirée, le syndicat des enseignants et le gouvernement sont finalement parvenus à un accord.

Pourtant, dans une déclaration rendue publique par la télévision nationale dans la nuit de dimanche à lundi, le ministre de l’Administration du territoire avait interdit toute manifestation à Conakry. Le général Bouréma Condé a même félicité les maires des communes de Dixinn et Kaloum qui ont rejeté auparavant des avis de manifestations dans leurs communes respectives. Un peu plus tard, au cours de la même nuit de dimanche, le gouvernement et les syndicats ont indiqué être parvenus à un accord. Ledit accord ne sera finalement paraphé que ce lundi vers 17 heures, après une journée très mouvementée dans maintes parties de la banlieue de Conakry.

L’arrestation d’Elie Kamano, un chanteur populaire en Guinée, a rendu inévitable les manifestations d’aujourd’hui. Hier dimanche, Kamano a été arrêté manu militari par des gendarmes qui l’ont placé en garde à vue à l'escadron de la gendarmerie de Matam avant qu’il ne soit inculpé ce lundi pour incitation à un attroupement sur la voie publique. Néanmoins, le juge d’instruction du tribunal de Mafanco a ordonné la libération de l’artiste tout en le plaçant sous contrôle judiciaire. La libération intervenue vers midi, ne pouvait pas non plus empêcher la poursuite des manifestations.

Les deux artères principales de la ville ont été prises d’assaut par des jeunes manifestants. L’autoroute Fidel Castro, une partie de Conakry habituellement favorable au régime Condé, a été plus que jamais mouvementée ce lundi. Alors que la capitale doit recevoir le roi marocain mercredi, des affiches d’Alpha Condé avec le roi Mohamed VI ont été enlevées et saccagées. Outre les grandes artères, des manifestations ont été signalées à maints endroits de la banlieue, notamment sur les rues. Partout, les manifestants ont barricadé les routes. L'administration et le commerce n'ont pas fonctionné à part quelques bureaux à Kaloum, centre administratif et d'affaires de la capitale.

« Nous sommes fatigués des promesses de ce régime. Il doit agir au lieu de promettre, voyez-vous que nous sommes à la maison depuis maintenant trois semaines. Que sera notre avenir?», a exprimé un jeune manifestant à Gbéssia, sur l’autoroute Fidel Castro. « Pourquoi ils ont arrêté Elie Kamano ? Pourtant, il n’a pas tort d’appeler à manifester pour la reprise des classes », s'indigne un autre manifestant. En effet, la semaine dernière, Elie Kamano et des acteurs de la société civile avait appelé à une manifestation ce lundi 20 février en vue d’exiger, sur toute l’étendue du territoire national, la reprise des cours dans les écoles et universités du pays.

« Ces manifestants ne sont pas des élèves, ni des étudiants, c'est des loubards qui profitent de l'appel à la manifestation des acteurs de la société civile », estime Fofana, un cadre du ministère de l'Administration du territoire.

Ce lundi, après la libération d’Elie Kamano, d’autres leaders d’opinion ont été arrêtés par la police. C’est le cas d'Hassan Hilal Sylla, un journaliste présentateur à la télévision nationale et président d’une association de journalistes.

Par ailleurs, plusieurs manifestants ont été interpellés par la police, et des cas de blessés signalés par endroits. La police qui a fait usage des tirs de sommation, a tardé à rendre son bilan sur cette journée de manifestations.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 20/02/2017 à 21h04