Il faut dire que la Ligue algérienne des droits de l’homme a de quoi s’énerver contre Abdelmajid Tebboune, le ministre du Commerce. Car les Tlitli et Chakchouka, plats populaires algériens, ont désormais un goût amer pour de nombreuses familles, depuis que les prix n'arrêtent plus de flamber en Algérie. Pour bon nombre de ménages, ces recettes, jadis accessibles à tous, s’apparentent désormais à du caviar. Non point par leur goût, mais par la somme qu’il faut débourser pour les savourer. "Les haricots secs sont à 200 DA [environ, 1,8 dollar, ndlr] les pois cassés à 150 DA [1,4 dollar], les pois chiches à 320 DA [3 dollars], les lentilles 150 DA", affirme Houari Kaddour, Secrétaire national chargé des dossiers spéciaux au niveau de l’ONG.
Le tlitli, le plat populaire algérien n'est pas accessible à cause d'une flambée des prix de 9 à 19% en un semestre, selon la FAO
Alors que la Food and alimentation organisation (FAO) des Nations Unies fait état d'une baisse régulière des prix des denrées alimentaires à travers le monde, en Algérie c'est bien le contraire qui se passe. Le dernier rapport semestriel de la FAO consacré à l'Algérie souligne une hausse de 9 à 19% des prix des denrées alimentaires.
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Tout est de la faute de Abdelmajid Tebboune, ministre du Commerce, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) dans un rapport produit ce mercredi 1er mars et dont le360Afrique a obtenu copie. L’ONG l’accuse de faire le jeu des importateurs et autres distributeurs qui se complaisent dans une situation de rente, à cause de l’absence de concurrence pure et parfaite.
"La LADDH attire l’attention de l’opinion publique sur l’absence d’une véritable concurrence", affirme le rapport. Elle en veut pour preuve, "le gel du Conseil national de la concurrence", organisme sans autonomie aucune, puisqu’il dépendait tout simplement du ministre du Commerce. Alors que dans tous les pays civilisés un tel conseil ne dépend pas du gouvernement, mais est créé par une loi pour garantir la libre concurrence tout en protégeant les droits du consommateur.
"Nous assistons à des tendances monopolistiques faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur se rallongent, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le coût de production", dénonce l’ONG des droits de l’Homme.