Après la multiplication des signaux inquiétants depuis le début de l'année, ce n'est qu'une question de temps avant que le pire n'arrive. Malgré ses réserves d'hydrocarbures, l'Algérie n'est pas très loin du syndrome grec. Partout, les entreprises bénéficiant de contrats avec l'Etat tirent le diable par la queue. L'insolvabilité avait commencé avec les régions hostiles au pouvoir central d'Alger comme la Kabylie. Mais aujourd'hui, la grangène touche toute l'économie, jusqu'à Cosider qui se vante d'être la huitième entreprise de bâtiment et travaux publics du continent.
L'Algérie en cessation de paiement
Cosider TP, filiale de travaux publics du groupe Cosider, est pris à la gorge à cause des factures qui s'accumulent sans être réglées par le Trésor public algérien.
Maghreb Confidentiel, qui donne l'information en citant des sources internes à l'entreprise, affirme que "Cosider se retrouve asphyxié, au point de ne plus pouvoir payer les salaires de ses employés". Il s'agit d'une situation d'une affligeante gravité pour Alger et ce, pour plusieurs raisons.
Si Cosider est touché, nul n'échappe
D'abord, le groupe Cosider est effectivement la première entreprise du secteur du bâtiment, travaux publics et habitat (BTPH) avec 23 milliards de dinars de chiffre d'affaires. Cosider TP est détenu à 100% par le groupe éponyme, de même que 7 autres entreprises. Le fait qu'il ne parvienne plus à payer les salaires montre bien que même sa maison-mère n'est pas épargnée par le phénomène de l'insolvabilité du Trésor public et des difficultés budgétaires.
Ensuite, c'est à Cosider TP que l'Etat algérien a confié nombre de projets qui sont forcément à l'arrêt faute de ressources financières. D'après la feuille d'information hebdomadaire, la liste de ces projets comprend "la ligne de métro entre El Harach et l'aéroport d'Alger, les lignes ferroviaires desservants les hauts plateaux, le quai minéralier de Béthioua, etc."
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Enfin, si Cosider, société publique qui avait jadis une bonne assise financière, connaît de telles difficultés, c'est que les entreprises privées, locales ou étrangères, sont au bord du gouffre. D'ailleurs, le 360 Afrique faisait état de l'insolvabilité manifeste du Trésor public algérien qui a fini par mettre à genoux des dizaines d'entreprises étrangères. Au total, ce sont 130 milliards de dinars que l'Etat leur doit, rien que pour des projets immobiliers destinés essentiellement à de l'habitat social.
A ce rythme, les agences de notations ne tarderont pas à sévir en revoyant à la baisse la note attribuée à ce pays d'Afrique du Nord. En effet, depuis la chute des cours du pétrole, l'ensemble des chantiers est à l'arrêt et partout les projets immobiliers ressemblent à villes fantômes.