L'Algérie abandonne déjà son plan d'énergies propres pour le gaz de schiste

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Le 10/10/2017 à 15h18, mis à jour le 10/10/2017 à 15h19

Il n'a pas fallu plus de six mois pour que l'Algérie oublie totalement sa profession de foi concernant les énergies renouvelables. Désormais, le plan solaire est remisé au placard au profit du gaz de schiste dont regorgerait la localité berbère de In Salah à 1500 km d'Alger.

Désormais, c'est le gaz de schiste qui est l'unique voie de salut pour le gouvernement alégrien. Il y a une dizaine de jours, en visite dans l'Ouest algérien au niveau de la raffinerie d'Arzew, Ouyahia déclarait qu'il "est temps que la Sonatrach exploite toutes les énergies au service de l'entreprise et du pays". La demande est clairement adressée à la Sonatrach de revenir à l'exploitation du gaz de schiste qui avat été abandonnée un an plutôt. La population de Ain Salah, à 1500 km au sud d'Alger, exclue de tous les plans de développement conçus depuis l'indépendance s'était farouchement opposée à cette ressource trop polluante. 

En avril dernier, il était même question du lancement d'un grand programme d'énergie solaire afin de diversifier le bouquet énergétique, jusqu'ici uniquement constitué de gaz et de pétrole. L'idée d'un appel d'offre pour une centrale de 5000 MW avait commencé à germer chez les ingénieurs du ministère de l'énergie. Cependant, ces bonnes intentions sont rangées aux oubliettes. Soit Nourredine Boutarfa, ministre du pétrole de l'époque était le seul à y croire, soit la dure réalité budgétaire a rattrappé les utopistes qui en avaient lancé l'idée. Car dès lors que l'on a décidé de financer le projet en recourant à la planche à billets, il fallait s'attendre à ce qu'aucune entreprise étrangère n'accepte d'être payée avec de la monnaie de singe.

Du coup, ceux qui rêvaient de l'énergie la plus propre sont condamnés à se tourner vers celle qui est la plus polluante pour le moment. La question qui se pose est de savoir si les habitants du Sahara l'entendront de cette oreille. Ce ne fut pas le cas durant les deux ans qu'ont duré les opérations de prospections dans la région dans le nord de la province de Tamanrasset. Les populations n'avaient pas céssé de manifester contre la Sonatrach et le gouvernement algérien. Au-delà de la pollution qu'ils allaient subir, les habitants d'Ain Salah ne comprenaient pas qu'on puisse utiliser d'énormes quantités d'eau pour extraire le gaz de schiste de la roche quand eux ne parvenaient pas à avoir droit à de l'eau courante. 

Néanmoins avec les faibles prix du pétrole, pour rien au monde, Ouyahia ne changera d'avis, d'autant qu'il se dit que l'Algérie possède les 4è plus importantes réserves mondiales de cette ressource si polluante. Au moment où les recettes pétrolières ne dépasseront pas 31 milliards de dollars en 2017 contre 65 milliards en 2010, la tentation de la ressource schistique est trop grande. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/10/2017 à 15h18, mis à jour le 10/10/2017 à 15h19