Le succès de la stratégie du Maroc sur le plan des énergies renouvelables a donné des idées à l’Algérie dont la production électrique repose quasi exclusivement sur les hydrocarbures (pétrole et gaz). Et pour doubler le voisin de l’Ouest qui a initié une stratégie de transition énergétique avec l’objectif de produire 10.100 MW en énergies renouvelables (4.560 MW en solaire, 4.200 MW en éolien et 1.330 MW en hydraulique) à l’horizon 2030, soit 52% de sa puissance électrique installée, l’Algérie a lancé l’ambitieux Programme national de développement des énergies renouvelables (PNDER). Celui-ci vise à produire 22.000 MW à l’horizon 2030, pour faire de l'Algérie le leader africain des énergies renouvelables. Dans ces 22.000 MW, 12.000 sont destinés à la demande intérieure et les 10.000 restants à l’exportation.
Afin de faciliter la réalisation de la première tranche du PNDER, un appel d’offres national et international devait être lancé en mars dernier. Selon Maghreb Confidentiel, «l’appel d’offre international pour la production de 4.000 MW d’énergie renouvelable d’ici 2020 (et 22.000 MW en 2030) qui avait dû être lancé en mars, a été reporté au début de l’année prochaine».
Lire aussi : Algérie: un appel d’offres pour produire 4.000 MW d'énergies renouvelables
Selon l’hebdomadaire, ce report s’explique surtout par le fait que «le ministre de l’Energie, Noureddine Bouterfa, peine à convaincre les bailleurs de fonds internationaux de financer cet ambitieux projet». En effet, pour produire 13.575 MW en solaire photovoltaïque, 5.010 MW en éolien et le reliquat en autres technologies (biomasse, cogénération et géothermie), l’Algérie devrait investir 120 milliards de dollars en moins de 14 ans. Or, avec la chute des cours du baril de pétrole, les réserves de change du pays qui ont chuté et celles du Fonds de régulations des recettes (FRR) ayant totalement fondu, le pays n’a plus les moyens de sa politique et n’a d’autre choix que de recourir à la dette extérieure.
C’est ainsi que le ministre algérien de l’Energie Noureddine Boutarfa, a expliqué: «le problème dans ce programme des énergies renouvelables est lié au fait qu’il repose sur le soutien de l’Etat. Actuellement, la conjoncture n’est pas facile. Sonelgaz verra si elle peut utiliser les financements de la Banque africaine de développement (BAD). Pourquoi pas! Nous l’avons demandé à Sonelgaz».
Lire aussi : Algérie: la dette extérieure pour financer le programme des énergies renouvelables
C’est dans cette optique que l’Algérie a sollicité le soutien de la BAD dont le financement de l’énergie constitue l'un des 5 axes majeurs d’intervention en Afrique. Seulement, selon Maghreb Confidentiel, «les exigences formulées dans cet appel d’offres, décomposé en trois lots, refroidissent la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) qui attendent davantage de garanties sur la solidité du projet».
Ce n’est pas tout. Bien que n’ayant plus les ressources financières nécessaires pour financer son ambitieux projet, l’Algérie reste exigeante. L’appel d’offres impose aux investisseurs un engagement sur «une intégration locale de 40%, tout en laissant la majorité du capital à la Sonatrach ou à la Sonelgaz».
Lire aussi : Le Maroc reconnu leader en matière des énergies renouvelables en Afrique
Plus explicite, le ministre algérien avait souligné à l’APS –Algérie presse services- que les opérateurs intéressés par le projet devraient «fabriquer localement une partie des éléments du dispositif transformant l’énergie renouvelable en énergie électrique, à l’instar des panneaux solaires». Le pays ne disposant pas d’expertises dans le domaine des énergies renouvelables, exiger des investisseurs un taux d’intégration aussi élevé dès le départ décourage nombre d’acteurs du secteur.
Bref, après ce premier couac, l’Algérie, grand pays énergivore, doit revoir sa copie pour espérer réaliser cet ambitieux programme qui lui permettra de préparer l’après-pétrole et gaz.