Le déficit commercial a certes chuté en 2017, comparativement à la même période de l’année dernière. Il s’est établi à 10,7 milliards de dollars au terme des 11 premiers mois de l’année, contre 15,58 milliards de dollars à novembre 2016.
Toutefois, cette amélioration s’explique par une hausse des recettes d’exportation de 4 milliards de dollars à 31,2 milliards de dollars, notamment grâce à l’évolution plus favorable du cours des hydrocarbures qui ont représenté environ 95% des recettes d’exportation, alors que du côté des importations, selon les données de la douane, la baisse a été plus que négligeable.
Sur les onze premiers mois de l’année en cours, la facture des importations s’est établie à 41,9 milliards de dollars, contre 42,8 milliards de dollars à la même période de l'année précédente, soit une baisse de 900 millions de dollars. C’est dire que toute la politique entreprise par le gouvernement algérien pour réduire la facture des importations au cours de ces dernières années, via la mise en place de quotas ou l'interdiction de certains produits, notamment les véhicules, le fer et le rond à béton, n’a pas produit les effets escomptés.
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Face à cette situation, le gouvernement algérien, misant toujours sur la facilité, vient de renforcer d’un cran sa politique de restriction des importations. Il a ainsi dressé une liste de produits qui ne devront plus rentrer sur le sol algérien à partir de 2018. Quelque 1.000 nouveaux produits seront ainsi interdits d’importation, et on trouve de tout dans cette liste.
Concernant les produits électroménagers, il est désormais interdit d’importer des climatiseurs, des cuisinières électrothermiques, des machines à laver, des réfrigérateurs, des congélateurs, des fours à micro-ondes, etc.
Ensuite, il y a aussi les téléphones portables, les importations de produits des grandes marques sont également interdites. C’est le cas notamment de Samsung et LG. Les Algériens devront se contenter des portables montés localement.
Mais c'est surtout au niveau des produits de bouche que le gouvernement a eu la main lourde en interdisant presque tout ce qui était importé jusqu'à présent. C’est le cas des viandes (bovines, ovines, et autres), des saucisses, du thon et des sardines en conserves, des pâtes alimentaires, des légumes (maïs, champignons, petits pois, haricots verts) en conserves ou congelés, du chocolat, des glaces, des fruits (fraises, kiwis, pastèques, raisins, noix de cajou, poires, etc.), des fromages, du miel, des jus et des sauces.
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Pour justifier cette politique, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a déclaré: «en tant que peuple, nous devons nous mettre d’accord pour vivre selon nos moyens». Il a ajouté que cette interdiction se justifiait par la baisse des réserves de change de 20 à 25 milliards de dollars par an en moyenne au cours de ces dernières années et par l’incapacité des entreprises algériennes à faire face à la concurrence des produits fabriqués à l’étranger.
Conséquence, devant la faiblesse criante de la production de nombreux produits, au-delà de leur qualité, ces interdictions vont se traduire par une hausse des prix et donc par une inflation qui affectera davantage le panier de la ménagère algérienne. Il s’agit aussi d’un cadeau empoisonné pour les opérateurs économiques qui vont dormir sur leurs lauriers se sentant protégés par le gouvernement. D'autre part, cette décision va surtout alimenter la contrebande. Vu le manque de qualité de nombreux produits locaux, certains consommateurs seront toujours prêts à payer le prix fort pour se procurer de meilleurs produits, alimentant ainsi des circuits parallèles au niveau des différentes frontières du pays.