Algérie: emprunt extérieur et fin des subventions dès 2019 pour faire face à la crise

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Le 11/02/2018 à 12h35, mis à jour le 11/02/2018 à 12h53

Le gouvernement algérien semble reconnaître l’ampleur de la crise que traverse le pays. Du coup, plus de "tabous". L’endettement extérieur, écarté pour une question de "souveraineté", et la fin des subventions sont programmés. Preuve que la planche à billets est loin d'être la panacée annoncée.

Chaque jour qui passe en révèle un peu plus sur l’ampleur de la crise économique que traverse l’Algérie. Jusqu’à présent, le recours à la planche à billets - présenté comme une panacée à tous les maux de l’économie algérienne par le Premier ministre Ahmed Ouyahia- avait permis d’atténuer certains effets de la crise et de faire fonctionner artificiellement l’économie. Aujourd'hui, le gouvernement algérien qui continue de souffler le chaud et le froid sur les solutions à mettre en place semble décidé à prendre de nouvelles mesures.

A l’instar des autres pays en crise qui mettent en oeuvre les ajustements préconisés par le Fonds monétaire international (FMI), l’Algérie, bien que n’étant pas endettée vis-à-vis de l’extérieur, est sur le point d’appliquer toutes les recommandations de l’institution financière internationale pour faire face à la crise. Une crise qui se matérialise notamment par la baisse des avoirs en devises qui ont perdu plus de 50% de leur montant en 4 ans, le déficit budgétaire qui reste important malgré le gel de plusieurs projets et le recours au financement non conventionnel.

Face à cette situation, et après avoir laissé sa monnaie se déprécier vis-à-vis du dollar et de l’euro, comme le suggérait le FMI qui jugeait le dinar algérien surévalué, Alger qui a décidé de revoir sa politique des investissements pour attirer les investisseurs étrangers en ouvrant le capital de ses sociétés aux étrangers, notamment ceux du secteur stratégique des hydrocarbures, vient à nouveau de répondre à une nouvelle recommandation du FMI, en levant le voile sur un sujet tabou: le recours à l’endettement extérieur. 

Sachant que l’environnement des affaires est loin d’être attractif pour les investisseurs étrangers et renflouer les réserves en devises du pays, l’Algérie compte recourir à l’endettement extérieur pour faire face à ses déficits budgétaires et compte courant. Ainsi, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, qui était présent lors d’une réunion des ministres des Finances arabes et le Fonds monétaires international (FMI) à Dubaï, a-t-il évoqué la possibilité de recourir au financement extérieur à partir de l’an prochain.

Pourtant, il y a quelques jours, le patron du FLN soutenait le contraire. C'est dire qu'en Algérie, on ne sait plus à quel saint se vouer et que le navire tangue faute de capitaine à bord. 

Pourtant, l'argentier de l'Algérie, Abderrahmane Raouiacomme, a été clair. «Le gouvernement ne s’attendait pas à avoir besoin d’emprunter de l’argent cette année, bien que l’emprunt ne puisse pas être exclu l’année prochaine». Il s’agit d’une des principales suggestions du FMI au gouvernement algérien pour réduire le déficit budgétaire du pays. 

Toutefois, il faut souligner qu’Alger a déjà recouru au financement de la Banque africaine de développement (BAD) en novembre 2016, après être restée dix ans sans faire appel à l’institution panafricaine, avec un prêt de 900 millions d’euros pour financer un Programme d’appui à la compétitivité industrielle et énergétique en Algérie (PACIE).

Le recours à l’endettement extérieur n’est pas le seul point à retenir de la sortie de Raouia. Ce dernier a également mis l’accent sur la volonté du gouvernement de «réformer le système des subventions d’ici trois ou quatre ans». Il a ainsi souligné que le gouvernement algérien pourrait mettre fin aux subventions concernant l’essence à partir de 2019 et dans d'autres secteurs à partir de 2020.

N'oublions pas que pour acheter la paix sociale, l’Etat algérien subventionne plusieurs produits, dont le pain, l’huile, l’électricité et le gaz. Et afin d’éviter une explosion sociale, dans un environnement marqué par des revendications de plusieurs corporations (médecins, enseignants, etc.), le gouvernement essaie de faire passer la pilule en annonçant parallèlement la mise en place d’un système des subventions ciblées. A ce titre, le gouvernement algérien travaille déjà sur la mise en place d’un fichier de potentiels bénéficiaires des aides directes.

A travers l’arrêt de ses subventions, le gouvernement algérien vise un objectif fondamental: réduire le déficit budgétaire comme le recommande le FMI qui a rappelé combien les dépenses publiques algériennes sont importantes.

Par Moussa Diop
Le 11/02/2018 à 12h35, mis à jour le 11/02/2018 à 12h53