Algérie: une Loi de finances rectificative chez un État cachottier

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Le 04/05/2018 à 15h07, mis à jour le 04/05/2018 à 17h11

Le ministère algérien des Finances cherche une rallonge de 500 milliards de dinars pour pouvoir boucler l'année. Comment a-t-il pu sous-évaluer ses dépenses d'un aussi gros montant?

En Afrique certains Etats, comme le Zimbabwe ou le Mozambique, sont passés maîtres dans l'art de dissimuler leur endettement afin de tromper la vigilance des partenaires financiers internationaux, dont le FMI ou la Banque mondiale. L’Algérie, quant à elle, choisit la politique de l’autruche qui enfouit la tête dans le sable en espérant rendre invisible un corps massif.

Voulant cacher ses énormes difficultés, le gouvernement avait simplement annoncé un déficit budgétaire, déjà abyssal, de 9% du PIB, mais néanmoins inférieur à celui de 2017 qui atteignait 15%. Malgré cet effort, il faut dire qu'on reste éloigné des standards de bonne gouvernance budgétaire qui situe le déficit autour de 3%. Mais, au moins, le gouvernement pouvait s’enorgueillir d’avoir abaissé son déficit.

Sauf que tout ceci s’est révélé n’être qu’une grosse tromperie. Dès mi-avril, c’est-à-dire 3 mois et demi seulement après l’exécution du présent budget, Algérie 24 a révélé qu’un projet de Loi de finances rectificative allait être présenté à l’Assemblée nationale populaire. Le gouvernement avait besoin d’une rallonge budgétaire de 500 milliards de dollars, précise, quant à lui, le site Tout sur l’Algérie, soit plus de 4 milliards de dollars pour pouvoir boucler l’année. Cette rallonge représente près de la moitié de l’énorme budget de défense ou 10,90% du budget de fonctionnement de tout l’Etat algérien. Alors de deux choses l’une: soit le ministère algérien des Finances doit changer son équipe de prévisionnistes, soit il savait qu’il allait présenter une loi rectificative dès le second trimestre.

Pour financer cette rallonge, le gouvernement compte activer le levier fiscal, notamment en augmentant la fiscalité de porte concernant certains produits qui seront désormais frappés d'un taux de 200%. Ladite taxe concerne l'importation des produits manufacturés qu'on fabrique localement. De même, le droit de timbre pour l'obtention du permis de conduire passe de 500 à 5.000 dinars, alors que la carte grise est désormais soumise à une taxe de 30.000 dinars contre 10.000 auparavant. Et bien sûr, si toutes ces mesures ne suffisent pas, il restera toujours la planche à billets, la solution miracle. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 04/05/2018 à 15h07, mis à jour le 04/05/2018 à 17h11