Accord d'association Algérie-UE: Alger n'a que ses yeux pour pleurer

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Le 14/05/2018 à 13h20, mis à jour le 14/05/2018 à 13h41

Les dirigeants algériens ont fait montre d'amateurisme en s'engageant avec l'Europe dans un accord d'association qui ne saurait profiter à leur pays en raison d'une économie trop peu diversifiée et d'un environnement des affaires peu attractif.

C'est aujourd'hui que les représentants de l’Algérie et de l'Union européenne se retrouvent à Bruxelles pour évoquer ensemble les questions liées à l'accord d'association. Ce 11e conseil d’association est présidé par Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères et Federica Mogherini, haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères et à la politique de sécurité.

Agacement d'Alger

Tout le monde craignait que cette réunion ne débouche sur une rupture entre l’Algérie et l’Europe, tant le contexte est tendu à cause des déclarations récentes des autorités d’Alger et de Bruxelles. Cependant, après s’être montrée susceptible, Alger est revenue avec un message d’apaisement vers l’Europe en qualifiant l’accord d’association "d’axe stratégique" de sa coopération avec l’Europe.

L’Algérie, il faut le dire, n’a jamais réellement caché son agacement face à un accord qui donne la part belle à l’Europe, alors que sa propre économie n'est pas réellement préparée à l’ouverture. En effet, la levée des droits de douane profite théoriquement à la production des deux pays respectifs. Sauf que l’Algérie n’a rien à exporter vers l’Europe. Même ses hydrocarbures sont exportés sans valeur ajoutée vers l’autre côté de la Méditerranée, l'Algérie réimportant de l’essence, du gasoil, des lubrifiants et autres dérivés du pétrole et du gaz.

Même Sonatrach préfère l'Italie à l'Algérie

Le comble est que même les responsables de la Sonatrach semblent atteints de presbytie. Ils viennent d'annoncer l'acquisition d'une raffinerie et de quatre terminaux pétroliers en Italie. Ils font ainsi perdre autant d'opportunités d'emplois et d'impôts à leur pays dans la valeur ajoutée qui sera créée. 

Il suffit de voir à la fois la grille d’exportation et l’arsenal du droit des affaires algériens, pour se convaincre de l’étroitesse d’esprit de ses dirigeants qui ont signé un accord d’association. En effet, d’une part, on peut constater qu’en valeur, bon an mal an, les hydrocarbures représentent 95% des exportations du pays. D’autre part, la loi 51/49% ne favorise pas l’installation des entreprises étrangères qui voudraient profiter de coûts de main-d’œuvre favorables. A cela s’ajoute le fait que, tous les classements en matière d’environnement des affaires placent l’Algérie parmi les pires nations où investir. Du coup, ce que le Maroc a réussi à mettre en place pour attirer les secteurs à forte valeur ajoutée comme l’automobile, l’aéronautique, l’électricité et l’électronique, l’Algérie peine à le faire. Pendant ce temps, les produits européens inondent les marchés algériens.

Incohérence dans les décisions

Et puis, l'absence de cohérence dans la politique générale algérienne avec le reste du monde est palpable. Actuellement, l'Algérie est pratiquement l'unique pays africain à n'avoir pas intégré l'Organisation mondiale du commerce dont les termes de l'accord sont pourtant moins contraignants, plus flexibles que ceux de l'accord d'association avec l'Union européenne. Quelle logique les dirigeants algériens soutiennent-ils dans ces deux démarches fort contradictoires? Pas plus tard qu'en janvier, l'Algérie a dressé une liste de 851 produits interdits à l'importation, ce qui n'est pas, non plus, compatible avec la convention qui la lie à l'Europe. Autant de choses qui montrent l'amateurisme des dirigeants de ce pays qui pensent que toutes les solutions sont dans le pétrole. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/05/2018 à 13h20, mis à jour le 14/05/2018 à 13h41