Algérie: le fils du PDG de Sonatrach voulait impliquer les Hong-kongais dans ses combines

Albelmoumen Ould Kaddour,

Albelmoumen Ould Kaddour, . DR

Le 30/06/2018 à 14h18, mis à jour le 30/06/2018 à 14h21

Le fils de Abdelmoumen Ould Kaddour voulait impliquer les Hong-kongais dans des transferts internationaux probablement illégaux en prétendant détenir une société fournisseur de la Sonatrach. L'arnaque n'a pas passée.

Alors que l'opposition algérienne ne cesse de se demander où sont passés les 1000 milliards de dollars de recette pétrolière engrangés depuis 2000, voilà qu'éclate un nouveau scandale dans lequel trempe le fils d'Abdelmoumen Ould Kaddour, actuel PDG de la Sonatrach. En effet, selon Daraj, quotidien arabophone libanais, Nacim Ould Kaddour a voulu transférer des fonds depuis le Liban vers Hong-Kong, par l'entremise du cabinet Mossak Fonseca qui était au centre des révéléations des Panama Papers. 

Le journal libanais donne beaucoup de détails et cite au passage Abdelhakim Ferhat, le fils de Noureddine Ferhat, une autre personnalité du régime, ancien officier de la DRS, reconverti dans les affaires. Abdelhakim Ferhat se serait retiré d'un montage offshore dans lequel était associé Nacim Ould Kaddour. 

En fait, Mossak Fonseca est passé par un cabinet libanais, en l'occurrence Saad Debs&Parteners Law Firm pour fournir aux deux Algériens le nom d'une société basée aux Seychelles, Synergex Group SA. Les coordonnées d'une autre société du nom de Farahead Equipment Energy Limited sont également communiquées par Mossak Fonseca. 

Mais très vite, les correspondants hong-kongais de Mossak Fonseca se montrent suspicieux quant à l'intention réelle de Ould Kaddour et Ferhat. Ainsi, dans une correspondance citée par le journal, le cabinet panaméen écrit: «Les collègues de Hong Kong nous ont indiqué qu’il n’y a aucune garantie pour l’ouverture du compte même s’ils fournissent les services nécessaires à la création d’une société à Hong Kong parce que les banques de la place vont devoir examiner la nature du business de votre client». Et d'ajouter: «Votre business est sensible et l’Algérie qui représente l’essentiel de son marché est un pays à haut risque. Cela ne plaide pas pour l’ouverture du compte. Ils vous demandent si la compagnie exerce d’autres activités et si vous pouvez fournir les pièces justificatives».

Visiblement, le cabinet hong-kongais avait raison de se méfier, car l'entreprise Farahead Equipement fournit des informations toutes aussi fallacieuses les unes que les autres. Elle affirme avoir un chiffre d'affaires annuel de l'ordre 12 millions d'euros et avoir comme principal client la Sonatrach. Elle se prévaut d'une quinzaine d'années d'expérience, et de 120 employés, dont 88 en Algérie, 12 au liban et une vingtaine aux Emirats Arabes Unis. Sauf que tout ceci n'est qu'un tissu de mensonges. Farahead Equipement n'est pas inscrit au registre du commerce algérien et n'a jamais fourni le moindre service ou la moindre marchandise à la Sonatrach ou à ses filiales. Bref tout ceci sentait l'arnarque à des kilomètres à la ronde. 

Si les Hong-kongais ont été vigilants, ce n'est pas le cas des Français, beaucoup moins regardants quand il s'agit de fonds algériens. En effet, le même subterfuge a permis à Ould Kaddour d'acheter son appartement à Neuilly-sur-Seine, commune réputée pour avoir le mètre carré le plus cher de France. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/06/2018 à 14h18, mis à jour le 30/06/2018 à 14h21