"La bêtise insiste toujours", disait Albert Camus dans son roman La Peste, dont l'histoire se déroule à Oran. Et justement, les autorités algériennes insistent, en ne cessant de souligner un nombre très bas de contaminations au Covid-19 sur leur territoire, alors qu'il n'en est rien. Chaque fois que des Algériens quittent le pays pour se rendre à l'étranger, les faits viennent contredire le minima des chiffres annoncés.
Il y a eu l'épisode français, puis celui de la Tunisie et voilà l'humiliation venant directement de Chine. En effet, un avion d'Air Algérie a été renvoyé vers Alger par les autorités de Pékin, jeudi 24 septembre dernier. Selon le site d'information, Algérie Part, Ce vol devait amener en Algérie 200 ouvriers chinois qui étaient appelés à travailler sur divers chantiers.
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Mais coup de théâtre, avant l'embarquement. Les autorités chinoises effectuent des prélèvements sur les membres d'équipage de l'avion d'Air Algérie et les tests reviennent positifs pour trois d'entre eux. En effet, depuis le 4 septembre, les nouvelles dispositions en matière de transport aérien de et vers la Chine exigent que les membres d'équipages présentent des tests RT-PCR négatifs et récents. Démarche valable également pour les passagers qui sont systématiquement mis à l'isolement pour une période de 14 jours.
Du coup, l'avion d'Air Algérie est reparti vide. Ce qui implique un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour les 200 billets d'avion entre Pékin et Alger à rembourser.
En réalité, il ne s'agit pas d'une première, puisque l'Algérie a clairement choisi de ne pas faire de tests RT-PCR, et c'est le cas depuis le début de la pandémie.
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La France l'avait appris à ses dépens, quand fin juin dernier, plusieurs binationaux, déçus par leur refuge algérien, avaient choisi de retourner dans leur deuxième patrie où il y avait au moins une prise en charge médicale décente. Le professeur Eric Caumé de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière avait alors tiré la sonnette d'alarme. Il signalait alors: "Récemment, des vols entre l'Algérie et la France ont été organisés avant que les frontières ne rouvrent officiellement. Il y avait des personnes contaminées à bord. Depuis samedi dernier, nous avons des cas de binationaux qui sont probablement allés se confiner là-bas et qui ont été rapatriés".
La Tunisie en a fait la mauvaise expérience, quelques jours plus tard, avec un vol de rapatriement de ses propres citoyens en provenance de l'Algérie. Le 22 juillet dernier, sur 59 Tunisiens de retour au pays, 19 avaient été testés positifs à leur arrivée.
Tant que l'Algérie veut vivre en autarcie, sans permettre à ses citoyens de quitter le pays et en interdisant au reste du monde de rejoindre son territoire, sa politique clairement assumée de ne pas effectuer de tests fonctionne. Même si les autorités sont conscientes qu'une grande partie de la population est infectée, elle peuvent fournir des chiffres de contamination étonnamment bas en ne comptabilisant que les cas qui nécessitent une prise en charge. L'écrasante majorité des personnes infectées par le nouveau coronavirus, soit 90% des cas, ne présentant pas de symptômes. Elles ne peuvent donc être détectées positives à la maladie par les scanners.
Finalement, il y a fort à parier que la majorité des 51.000 cas officiellement déclarés font justement partie de ceux qui ont la malchance de présenter des symptômes du Covid-19, ce qui rapproche leur nombre de 10% seulement du chiffre réel. Les 500.000 autres passent entre les mailles du filet algérien, mais pas de ceux de la Chine, de la France et de la Tunisie.