Algérie: à cause de la dépréciation du dinar, l’allocation touristique tombe à 93 euros

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Le 01/01/2021 à 16h39, mis à jour le 02/01/2021 à 14h26

La très forte dépréciation du dinar algérien a encore réduit le montant déjà ridicule de l’allocation touristique des Algériens qui souhaitent voyager à l’étranger au moment où l’espoir de réouverture des frontières aériennes s’annonce avec les premières vaccinations contre le Covid-19.

Déjà ridicule, l’allocation touristique accordée aux Algériens qui souhaitent se rendre à l’étranger s’est effritée encore plus en ce début 2021. En ce début d’année, cette dotation touristique a atteint un niveau insignifiant. La «dévaluation déguisée» du dinar, en 2019, année durant laquelle le dinar s’est déprécié de 20,86% par rapport à l’euro et de 11% vis-à-vis du dollar, a ramené le montant de la dotation touristique à 92,94 euros (ou 113,63 dollars) par an.

Rappelons que cette dotation est fixée par la Banque d’Algérie. Et selon une instruction fixée par celle-ci dans son article du 2 août 1997, «le montant annuel du droit de change pour les dépenses liées à des voyages à l’étranger est fixé à la contre-valeur en devises de quinze mille dinars algériens pour chaque année civile».

Seulement, depuis cette date, aucun changement n’a été apporté à cette décision. Entre-temps, le dinar a poursuivi sa chute face aux devises étrangères. A l’époque, 1 dollar américain s’échangeait contre 57,71 dinars, alors qu’aujourd’hui il faut 132,07 dinars pour avoir le même dollar. Donc, la Banque d’Algérie devrait prendre en compte cette dépréciation qui fait que le montant de la dotation est passé de 260 dollars en 1997 à seulement 113,63 dollars actuellement.

Ensuite, cette décision a été prise à un moment où le baril de pétrole coûtait 18 dollars. Entre-temps celui-ci a atteint des pics, jusqu’à 140 dollars en 2014, et s’échange actuellement au-dessus de 51 dollars. C’est dire que l’Algérie disposait d’un matelas d’avoirs en devises important pour satisfaire convenablement ses citoyens qui désirent se rendre à l’étranger. Seulement, cette manne en devises a été gaspillée par l’oligarchie politico-militaire qui dirige le pays durant ces dernières décennies.

Rappelons que ce montant ridicule fixé en 1997, lorsque le baril de pétrole valait 18 dollars n’a plus de sens aujourd’hui. Et avec 93 euros, un touriste algérien a juste de quoi payer la tarif du taxi de l’aéroport en ville et peut-être, dans le meilleur des cas, de quoi payer une nuitée dans un établissement hôtelier de 2 étoiles. C’est dire que ce montant ne permet pas à un Algérien de faire du tourisme à l’étranger.

A titre de comparaison, les Marocains, qui sot les mieux lotis des Maghrébins, ont droit à une dotation touristique fixée à 45.000 dirhams, soit 4.113 euros. Un montant qui peut être majoré d’un supplément équivalent à 10% de l’impôt sur le revenu supporté par le bénéficiaire, avec un plafond ne pouvant dépasser 100.000 dirhams (9.141 euros). Quant à la Tunisie, cette dotation s’élève à 6.000 dinars, soit environ 1.770 euros.

Ainsi, et face à ce montant plus que dérisoire, les Algériens se ruent sur le «marché parallèle» devenu le véritable baromètre du change en Algérie. Seulement, sur ce marché, il faut vraiment être fortuné pour avoir des montants en devises qu’il faut pour passer des vacances dans un pays européen à cause de la «dévaluation» du dinar et les taux qui y sont pratiqués. En effet, sur ce marché, lors de la dernière séance de l’année écoulée, il fallait 209 dinars pour 1 euro et 176 dinars pour 1 dollar américain. Et malheureusement, en Algérie, le marché parallèle des devises est le véritable marché de change du pays, c’est-à-dire le lieu où l’offre et la demande se confrontent.

Et la dépréciation du dinar devrait s’accentuer durant les prochains jours dans le sillage de l’espoir qu’offre le démarrage des campagnes de vaccination en Europe et en Amérique ouvrant des perspectives d’ouverture du ciel aux voyageurs. Du coup, les cambistes du Square Port Saïd se frottent les mains face aux arrivées massives d’Algériens qui souhaitent avoir des devises avant une nouvelle flambée de celles-ci dans le sillage des dépréciations du dinar face aux devises programmées officiellement dans la loi de Finances qui vient d’être promulguée par le président Abdelmadjid Tebboune.

Par Karim Zeidane
Le 01/01/2021 à 16h39, mis à jour le 02/01/2021 à 14h26