L'incompréhensible interdiction de «Jeune Afrique»: les raisons invoquées par l'Algérie

DR

Le 26/05/2018 à 00h09, mis à jour le 26/05/2018 à 09h21

Revue de presseKiosque360. En Algérie, le magazine panafricain «Jeune Afrique» est interdit dans les kiosques. L’hebdomadaire vient de lever le voile sur la raison de cette censure. Et l'explication avancée pour justifier l'interdiction d'"importation" du magazine est loin d'être convaincante.

Kiosque le360 Afrique: Entre emprisonnement de blogueurs et coupures intempestives de l'accès à internet pour certains sites, les autorités algériennes sont passés maîtres de la censure. Leur dernière victime est le magazine panafricain Jeune Afrique. En effet, les lecteurs algériens fidèles au mazasine ont remarqué l’absence, depuis le 23 avril dernier, de leur hebdomadaire dans les kiosques de leur pays. Ils n'ont donc pas manqué de se poser des questions, d’autant qu’aucune information n’a été distillée par les autorités algériennes ou leurs canaux médiatiques pour clarifier cette situation.

Face à cela, Jeune Afrique a souhaité lever le voile sur les raisons de cette situation. Le magasine explique ainsi que cette absence de l’hebdomadaire en Algérie est essentiellement le fait des autorités algériennes. «L’absence de Jeune Afrique ne relève pas de notre choix, mais d’une décision qui nous a été imposée par le gouvernement algérien sans concertation et sans consultation», fait remarquer l’hebdomadaire.

«Fin mars, notre distributeur sur place reçoit une notification du ministère algérien de la Communication dans laquelle il lui est demandé de ne plus importer Jeune Afrique ainsi que d’autres titres édités par Jeune Afrique media group (The Africa report et La Revue)», peut-on encore lire.

Le distributeur a cependant été autorisé à importer 350 exemplaires au profit de diverses institutions algériennes. Une manière de continuer à suivre l’actualité traitée par le magazine.

Cette interdiction d’importer des journaux ne concerne pas uniquement Jeune Afrique. Le Monde, Le figaro, Afrique Magazine, Paris Match, L’Equipe ou le Canard Enchainé sont aussi concernés par cette interdiction d’importation, devenue une marque déposée des autorités algériennes. Seulement, souligne l’hebdomadaire, «contrairement à Jeune Afrique qui reste absent des kiosques, nos confrères sont toujours disponibles chez les buralistes d’Alger et ailleurs».

Bref, cette décision cible uniquement l’hebdomadaire panafricain. Et, pour justifier cela, les autorités algériennes avancent les arguments ressassés ces dernières années pour justifier les interdictions d’importation et arguent d'un besoin de faire des économies en devises en supprimant ou en limitant drastiquement l’importation de la presse internationale, comme l'indique une source du ministère de la Communication algérienne. Celle-ci explique qu’en raison de la politique d’austérité imposée par le crise, le gouvernement a décidé de serrer la vis sur les importations. La presse étrangère est donc concernée».

Pourtant, l'Algérie dit disposer de plus de 95 milliards de dollars de réserves en devises. A moins que ce montant ne corresponde pas à la réalité. En tout cas, la justification paraît grossière sachant que, malgré les interdictions et les quotas d’importation touchant les voitures, les fils et rond à béton, la facture des importations algériennes ne baisse que faiblement.

$Dans ces conditions, comment le gouvernement algérien peut-il réaliser des économies sur la facture des importations de journaux étrangers et, surtout, de l'interdiction du seul magazine panafricain? La raison est certainement ailleurs. Mais en Algérie, désormais, tout peut se justifier par la facture des importations et donc être frappé d’interdiction, même l’information.

Par Karim Zeidane
Le 26/05/2018 à 00h09, mis à jour le 26/05/2018 à 09h21