Le Hirak algérien, mouvement de contestation algérien qui a mené à la chute du président Abdelaziz Bouteflika avant d'être confisqué par un régime essayant de se réinventer, sera une nouvelle fois à l'honneur dans un documentaire diffusé à une heure de grande audience sur une chaîne de télévision française.
Après, la crise diplomatique du mois de mai dernier, suite à la diffusion d'un documentaire similaire sur plusieurs chaînes publiques françaises, notamment France 5 et La Chaîne parlementaire (LCP), voilà que la chaîne M6 s'y met. Un reportage d'une heure et quart est programmé ce dimanche 20 septembre, dans le cadre de l'émission "Enquête exclusive", présentée par le journaliste Bernard de la Villiardière, également militant de la liberté de la presse.
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Ce documentaire pourrait à nouveau irriter le régime algérien devenu ultra-répressif depuis l'arrivée d'Abdelmadjid Tebboune au pouvoir. En effet, son titre, "Algérie: le pays de toutes les révoltes", prédit un contenu que n'appréciera pas la résidence présidentielle d'El Mouradia.
“En Algérie, ex-colonie française, indépendante depuis 1962, manifester est pourtant passible d’un an de prison. Mais rien n’arrête ces jeunes qui ont décidé de prendre leur destin en main", affirme d'emblée la bande-annonce de ce reportage réalisé depuis "les quatre coins" d'un pays ou "filmer est quasiment impossible".
Il faut dire que le timing choisi pour la diffusion n'est pas le fait du hasard, car depuis quelque temps, les condamnations de leaders du Hirak ou de journalistes qui en assurent la couverture médiatique se multiplient. Pas plus tard que ce lundi 14 septembre, le correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières, Khaled Drareni, a été condamné en appel à une peine de prison de deux ans, malgré le tollé général qui avait suivi son jugement en première instance.
D'ailleurs, Bernard de la Villardière fait partie des nombreuses voix françaises et internationales qui s'élèvent pour dénoncer cette répression aveugle contre la presse en général et contre le symbole de la liberté d'opinion et de presse qu'est devenu Drareni.
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On l'a aperçu notamment auprès de gros pontes de la presse française, en l'occurrence Laurent de la Housse de France 2, lors d'une manifestation organisée le 7 septembre dernier devant l'ambassade d'Algérie en France pour demander la libération de Drareni et des autres membres du Hirak emprisonnés.
Evidemment, l'annonce d'un tel documentaire pourrait redonner de l'urticaire à Alger si irritable à la simple idée que l'on puisse parler d'un sujet qui va mettre fin à la période de grâce dont bénéficie le régime depuis l'avènement du Covid-19.
En mai dernier, il y a eu une véritable crise diplomatique avec Paris quand les chaînes du groupe France Télévisions ont diffusé le reportage intitulé "Algérie, Mon amour". Alger avait décidé de rappeler "immédiatement son ambassadeur" à Paris, avant de se lancer dans une verbosité quasi martiale en accusant la France d'instrumentaliser le Hirak.
"Le caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises, dont les derniers en date sur France 5 et la Chaîne parlementaire, le 26 mai 2020, en apparence spontanés et sous le prétexte de la liberté d'expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions" dont l'armée, "digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN)", avait alors dénoncé le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.
La diplomatie algérienne avait même parlé "d'inimitié", de "rancoeur", et d'"intentions malveillantes et durables de certains milieux qui ne souhaitent pas l'avènement de relations apaisées entre l'Algérie et la France, après 58 ans d'indépendance".
La réaction d'Alger pourrait être identique à celle du mois de mai. Réaction qui n'avait eu aucun effet sur le traitement de l'information liée au Hirak par les médias français.