Vidéo. Algérie: le message subliminal à la presse internationale derrière l'interdiction de France 24

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Le 13/06/2021 à 19h36, mis à jour le 13/06/2021 à 19h40

VidéoLes autorités algériennes viennent de retirer l'accréditation de la chaîne d'information française en continu, France 24, qu'elles accusent d'être "hostile" au pays. Une réaction épidermique qui entre en droite ligne de la stratégie de répression dans un contexte de mascarade électorale.

Il ne faut surtout pas que la presse, notamment internationale, s'intéresse aux cadavres dans le placard du régime algérien. C'est sans doute le message que vient de lancer le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune à l'endroit des journalistes accrédités dans le pays en décidant d'interdire un premier organe d'information.

D'après l'agence officielle Algérie presse service (APS), qui cite le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer. "le ministère de la Communication a décidé dimanche de retirer l'accréditation octroyée à la représentation à Alger de la chaîne d'information française "France24"". Les autorités de ce pays en prise à une sévère crise multiforme n'ont certainement pas apprécié le traitement qu'a réservé France24 aux élections législatives qui ont été un fiasco.

Elles affirment simplement que ce retrait est motivé par "l'hostilité manifeste et répétée contre notre pays et ses institutions, le non respect des règles de la déontologie professionnelle, la désinformation et la manipulation ainsi qu'une agressivité avérée à l'égard de l'Algérie".

En réalité, aujourd'hui dimanche 13 juin, France 24 n'a fait que rapporté l'information selon laquelle, il n'y a eu que 3,4 millions d'électeurs qui se sont prononcés, donnant un taux de participation de 30,20%. Sauf qu'à n'en pas douter, les détails qui suivront après ce lead, ne seront pas du goût du pouvoir. En effet, le correspondant de France 24 n'a pas manqué de rapporter que, "d'après le président de l'Autorité indépendante des élections (ANIE), plus de 23 millions d'électeurs étaient attendus".

Or, très concrètement, 3,4 millions d'électeurs rapportés à 23 millions d'inscrits, ce n'est pas plus de 14,7% de taux de participation. On ne sait par quelle gymnastique, le pouvoir a fini par brandir fièrement les 30,20%. Un chiffre qui reste, par ailleurs, le plus faible taux de participation depuis plusieurs décennies.

L'autre commentaire qui n'a pas du tout plu au régime algérien, c'est le fait que le média français ait insisté sur la déclaration d'Abdelmadjid Tebboune. En effet, le président algérien a lui-même affirmé que: "Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante". 

Par conséquent, comme une lettre à la poste, "ces élections législatives vont, de toute manière, passer", commente Moncef Aït Kaci, le correspondant de la chaîne qui donnait l'information en duplex depuis Alger.

Visiblement, pour le régime algérien, il faut que la presse accréditée localement se borne à reprendre les dépêches de l'agence officielle. L'Algérie est dans une situation politique et économique, telle que la moindre information risque de donner des urticaires au régime.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 13/06/2021 à 19h36, mis à jour le 13/06/2021 à 19h40