UA. Commission paix et sécurité: Alger a encore acheté des voix

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Le 01/02/2017 à 15h35, mis à jour le 01/02/2017 à 17h19

A Addis-Abeba, il s'est passé la chose la plus incroyable lors de l'élection du Commissaire à la paix et à la sécurité. Au Nigeria, beaucoup n'hésitent plus à évoquer la pratique d'achat de voix qui a fait perdre la candidate Fatimah Mohammed.

Cela fait 5 fois que l’Algérie remporte l’élection de la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, généralement considérée comme la plus importante des huit commissions qui constituent ce que l’on pourrait qualifier de gouvernement de l’Union africaine. A cette anomalie qui suscitait déjà beaucoup d’interrogations se sont ajoutés des évènements on ne peut plus intriguants lors du vote qui a eu lieu dans la soirée du lundi 30 janvier. L’information vient de la Nigerian agency of news (NAN) qui donne des explications très claires sur les raisons pour lesquelles Fatimah Fakiah Mohammed, la candidate nigériane n’a pas été élue.

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Dans un premier temps, rapporte l’agence NAN, "Fatimah Mohammed a été donnée pour battue avec 35 voix contre 36 pour l’Algérien Smail Chergui au second tour de l’élection". Sauf que mathématiquement, cette répartition qui totalise 71 voix est impossible puisque l’Union africaine compte seulement 54 membres. Il fallait donc annuler cette élection entachée de fraudes, comme cela avait déjà été le cas pour le premier tour qui avait donné 26 voix à la Nigériane, mais qui avait également fait l’objet de contestations. Visiblement des électeurs avaient voté deux fois. Pire encore, certains votants et certains candidats auraient, toujours selon la Nigerian agency of news, reçu de l’argent.

Achat de voix

Ce n’est que tard aux environs de minuit à l’issue d’un ultime tour que l’Algérien Smail Chergui est finalement déclaré vainqueur avec 36 voix, soit exactement les deux-tiers des voix requises pour être reconduit à ce poste.

Au terme de ces élections au déroulement plus qu’intrigant, on est en droit de se demander qui a acheté des voix. L’agence officielle nigériane n’apporte pas de réponse, mais on s’en tiendra à la déduction logique selon laquelle la candidate nigériane n’aurait pas jeté ses précieux nairas si elle n’avait été sûre d’avoir au moins une minorité de blocage. Tous les regards se tournent alors vers l’Algérie qui s’accroche à ce poste comme une anguille à son rocher, uniquement à cause de la question du Sahara.

Si le Nigeria a tenu à mettre fin à l’accaparement de ce poste par Alger, c’est parce que cette dernière n’a jamais voulu s’impliquer dans les questions de terrorisme qui détruisent les pays du Sahel. On a d'ailleurs vu Ramtane Lamamra montrer une telle froideur lors d’une interview où il était interrogé sur l’insécurité au Mali.

Sinisme de Ramtane Lamamra

"Il n’a pas d’alternative à l’accord d’Alger", disait-il avec le sourire aux lèvres (écouter l’interview ici) . Avant d'ajouter: "Nous savions également que le succès de l’accord d’Alger impliquait automatiquement la défaite du terrorisme et de l’économie criminelle dans le nord du Mali et nous nous attendions à une riposte féroce de la part du terrorisme". Ces mots ont été prononcés il y a tout juste une semaine, c’est-à-dire quelques jours seulement après que le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Le Borgne, et chef du groupe Al Mourabitoun, ait revendiqué l’attentat du camp militaire de Gao qui a fait 77 morts.

C’est conscient de la responsabilité d’Alger dans l’insécurité et les risques de conflits que le Nigeria voulait lui arracher le poste de la Commission paix et sécurité. Sauf que la courte expérience acquise à Addis-Abeba par le géant ouest-africain lui aura appris que les méthodes douteuses d’Alger ont malheureusement de beaux jours devant elles.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 01/02/2017 à 15h35, mis à jour le 01/02/2017 à 17h19