Algérie: Bouteflika parle encore du fameux "complot extérieur contre la nation"

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Le 18/02/2017 à 19h39, mis à jour le 19/02/2017 à 10h40

C’est un vieux disque en vinyle, qui plus est un disque rayé à force d’être utilisé à toutes les occasions, que le président algérien Abdelaziz Bouteflika a encore sorti. A chaque fois que la nomenklatura du côté d'Alger doit justifier son inaptitude à sortir de la crise, elle évoque le complot.

A force de l'entendre, on finira par y croire. L'Algérie et son complot extérieur sont de retour. Lors de la célébration de la journée du Chahid, ce 18 février, dans un discours lu par son Conseiller Mohamed Ali Boughazi il dénonce des complots «ourdis outre-mer et relayés par divers supports médiatiques». Il faut dire que dans le registre du verbiage politique, on n’a jamais fait plus creux.

C’est à croire qu’en conseil des ministres, c’est l’explication à tous les maux de l’Algérie que les membres du gouvernement se passent à tour de rôle. A longueur d’année, tout s’explique par les manigances des ennemis intérieurs et extérieurs de l’Algérie. Même l’opposition politique algérienne adopte un discours similaire qu’elle sert à toutes les sauces.

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Pour ce 18 février donc, Bouteflika remet ses habits de révolutionnaire et affirme que l’Algérie «ne succombera pas à des machinations et autres complots ourdis outre-mer et relayés par divers supports médiatiques». Ajoutant que : "En ignorant les détracteurs, les adeptes du chaos et autres esprits sceptiques et malveillants tendant à occulter les acquis réalisés au profit du peuple, notre jeunesse a prouvé qu’elle était lucide quant aux menaces de l’heure».

En parcourant la presse Algérienne, on se rend compte à quel point l’incapacité des dirigeants à trouver de réelles solutions se déteint sur leur discours quand vient l’heure de se justifier. Par exemple, en 2013 lors des attaques In Anemas, Louisa Hanoune avait purement et simplement affirmé que "l’Algérie était visée par un complot". “Le plan US pour le Grand Moyen-Orient explique toutes ces tentatives d’attenter aux souverainetés des pays de la région”, avait-elle dit.

Même lors d’une banale pénurie de lait vécue par les Algériens en novembre dernier, il a fallu également faire appel à cette sempiternelle explication. Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesslam Chelgham n’avait pas dû chercher très loin pour en trouver la cause. Il a sorti l’ahurissante thèse du complot.

Plus récemment encore, lors des émeutes ayant secoué les principales villes algériennes après l’entrée en vigueur des nouvelles taxes, toute la nomenklatura algérienne s’est ruée sur ce vocabulaire qu’elle n’a même plus besoin de dépoussiérer.

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Par Mar Bassine Ndiaye
Le 18/02/2017 à 19h39, mis à jour le 19/02/2017 à 10h40