Algérie-émeutes: les imams appelés à la rescousse face à la «fitna»

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Le 06/01/2017 à 16h15, mis à jour le 06/01/2017 à 16h49

Le ministre algérien des Affaires religieuses a ordonné aux imams de mosquées d’aider au retour au calme en contrant la «fitna». L’instruction appelle les religieux à utiliser un vocabulaire -envoyé par la tutelle- dans leur prêche du vendredi afin de contribuer à apaiser la tension sociale.

Kiosque le360 Afrique. Si la séparation du politique et du religieux est édictée par la loi et l’instrumentalisation politique des mosquées honnie depuis la fin des années 1980, en Algérie, tout semble dépendre des humeurs des dirigeants et de la conjoncture.

Ainsi, face aux tensions qui couvent et aux violences qui ont émaillé la région de Béjaïa, les imams algériens ont été appelés à rescousse. Selon algerie360.com, citant une instruction estampillée «urgente» du ministère des Affaires religieuse envoyée le 4 janvier: «Lors du prêche de la prière du vendredi 6 janvier, les imams des mosquées à travers l’Algérie devront parler de stabilité, de sécurité et contrer les appels à la «fitna», la discorde en rapport avec les émeutes qui ont secoué quelques régions du pays».

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Plus explicite, le document envoyé aux imams algériens pour préparer leur allocution du vendredi comprend même les mots et les phrases à inclure dans leur prêche. «…Pour immuniser notre pays, l’Algérie, contre ce qu’ont subi d’autres nations et pays, nous vous appelons à instruire les imams d’inclure les axes suivants dans le prêche du vendredi», souligne le site d’information algérien, citant le document envoyé aux religieux.

Et parmi les points à inclure dans les prêches du vendredi figurent, entre autres : «la paix et la stabilité», le «devoir» de chaque citoyen, les «réalisations» accomplies par l’Algérie et que d’autres pays lui envieraient.

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Reste à savoir si ces prêches seront audibles par les fidèles qui subissent de plein fouet les effets de la hausse des prix de plusieurs produits (carburants, transport, lait, produits alimentaires, etc.) et ce, suite à l’augmentation du taux de la TVA. 

Les émeutes de Bejaïa, sur fond de grève des commerçants, se sont traduites par l’incendie d’un bus, le pillage de plusieurs magasins et commerces, le caillassage de commissariats, etc. Si le calme est revenu, la tension couve toujours et les craintes d’expansion de ce mouvement social expliquent certainement le recours au religieux pour mieux étouffer la tension qui reste vive.

Par Karim Zeidane
Le 06/01/2017 à 16h15, mis à jour le 06/01/2017 à 16h49