Cinq mois après le scandale du Rehmat Rabbi (RHB), médicament présenté par le ministre algérien de la Santé comme un traitement miracle contre le diabète, voilà que débarque Hafid Aourag, le directeur de la recherche scientifique algérienne, avec le même type de fanfaronnade et sans doute une bourde du même acabit. Il reconnaît d'abord "qu'il y a un complexe vis-à-vis du made in Algéria et de la compétence algérienne".
Il aurait dû s'arrêter là, mais comme tout bonimenteur, il faut qu'il en rajoute une couche pour que la marchandise soit plus alléchante derrière la modestie. Voilà qu'il se souvient tout de go "d'une percée technologique extraordinaire qui va révolutionner l'humanité". Et d'ajouter : "je tairais le nom de ce chercheur algérien par confidentialité et parce que nous sommes en pleine négociation avec des firmes multinationales".
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"La solution qu'il vient de découvrir va sauver l'humanité du développement durable", affirme-t-il. Comprenne qui pourra, puisque les chercheurs en matière environnementale visent plutôt à sauver l'humanité de la pollution et non du développement durable.
Vidéo: Après 3:30 d'interview, Hafid Aourag commence ses divagations...
Après ce pataquès, il se perd dans les superlatifs, insistant sur le fait que "cela va être un boum mondial dans ce même domaine du développement durable".
Pas étonnant qu'après ce discours aussi laudateur que confus, les auditeurs se souviennent du scandale du Rehmat Rebbi (RHB) ou miséricorde divine. Ce médicament était présenté par son inventeur, un certain Dr Touafik Zaibet et par le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf comme la solution miracle contre le diabète. Quelques recherches avaient suffi à mettre à nu la plus grande imposture de l'histoire de la médecine. Touafik Zaibet n'était pas plus médecin que les herboristes du marché d'Ali Mellah non loin de la place du 1er mai à Alger. Il n'avait aucun diplôme et ne s'était pas soumis au serment d'Hippocrate.
Les patients qui avaient abandonné leur traitement au profit du RHB l'avaient amèrement regretté. Plusieurs ont été transportés dans un état comateux vers les urgences des hôpitaux. Finalement, "la plus grande découverte de l'histoire", comme on l'appelait en son temps, avait été retirée, en catimini, des pharmacies et du circuit commercial.
Il ne serait pas étonnant qu'après s'être amusé avec la santé des malades, on soit tenté de jouer avec celle de la planète. Après tout, Abdelmalek Boudiaf est toujours ministre, non?