A Alger, certains grincent des dents, d'autres, comme les nombreux prétendants à la succession, allument des cierges pour que l'heure soit la plus proche possible. Tandis que les plus cyniques rient sous cape. Les diplomates, eux, gardent leur réserve et ruminent leur colère d'être des figurants d'une pièce de théâtre où l'acteur principal, sur une chaise roulante, est cloitré dans sa loge.
Voilà cinq longues années que cela dure pour certains diplomates qui n'ont toujours pas présenté leurs lettres de créances. Au total, il y aurait 42 ambassadeurs étrangers qui sont dans ce cas et qui du coup se limitent à la gestion des affaires courantes, puisque ce statut est inédit dans les annales de la diplomatie. L'activité réelle, pleine et entière de tout chef de représentation diplomatique, ne commence qu'au moment de la remise des lettres de créances au chef de l'Etat hôte.
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Or, Bouteflika ne peut physiquement plus les recevoir. Ses contacts avec les étrangers se limitaient encore, il y a quelques mois, à certains chefs d'Etat étrangers. Sauf que depuis l'annulation de la visite d'Angela Merkel prévue en février dernier, même ce rituel a pris fin. Donc, les diplomates ont perdu tout espoir de voir leur situation se clarifier.
Selon le quotidien algérois El Watan, qui cite à la fois un ancien ministre et un diplomate étranger, tous les ambassadeurs des grandes puissances sont concernés, notamment ceux de la France, des Etats-Unis, de la Belgique, de la Russie, de l'Espagne, etc.
Le fait est que certains ambassadeurs avec résidence à Alger sont également supposés représenter leur pays dans d'autres Etats africains comme le Niger, le Mali, le Burkina Faso, etc. Sauf que pour le cas de figure tant qu'ils n'ont pas présenté leurs lettres de créances à Bouteflika, ils doivent attendre. Donc la maladie du président algérien crée une sorte de rupture entre d'autres pays.
Cette situation ubuesque, qui prêtait à sourire, commence visiblement à agacer dans le microcosme diplomatique.