Macron est à Alger ce mercredi pour la visite la plus brève qu’un chef d’Etat français ait effectuée dans l’ancienne colonie. Il n’y est, dit-on, que pour 7 heures. A peine aura-t-il quitté le Cotam Unité, l’avion de commandement des présidents français, qu’il sera obligé d’y retourner illico presto.
Durant cette visite éclair, le président français n'a pas l'intention de s'attarder sur le passé commun aux deux pays. Car si, lors d'une visite en Algérie en février 2017, le candidat Macron avait affirmé que "la colonisation est un crime contre l’humanité", il n’est pas venu cette fois pour une quelconque repentance. L’Emmanuel séducteur de la campagne présidentielle n’est pas le pragmatique président Macron. Le plus jeune président de la cinquième république française a clos ce chapitre à Ouagadougou la semaine dernière, en rappelant qu’il est d’une génération qui n’a pas connu la colonisation. Il en assume le passé sans la traîner comme un boulet.
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De toute manière, en 7 heures, Macron ne pourra pas tout faire, d'autant qu’il est venu avec un agenda précis. Peut-être rencontrera-t-il le président Abdelaziz Bouteflika dans sa résidence médicalisée. Une éventualité à mettre au conditionnel. C’est avec Ahmed Ouyahia qu’il devrait avoir les échanges qu’impose sa venue. Ce sera l’occasion de lui rappeler qu’en l’état actuel des choses, l’Algérie ne fournit pas suffisamment d’efforts pour lutter contre le terrorisme.
Ahmed Ouyahia sait que c’est la principale préoccupation de Macron. C’est pourquoi, dès le sommet Union africaine-Union européenne, il avait tenu à lui répondre sur ce point précis, lui rappelant que l’Algérie avait dépensé 100 millions de dollars en dix ans pour la formation des forces spéciales au profit du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Bien sûr, les autorités françaises ne sont pas dupes. Elles savent que l'argent est allé dans les caisses de l’armée algérienne et que les trois pays du Sahel n’ont reçu que très peu de matériel militaire. D’ailleurs, Alger se montre très discret sur les détails de cette prétendue aide.
En tout cas, Alger n’en fait pas assez en matière de lutte contre le terrorisme. Sinon, comment prétendre soutenir la lutte contre le terrorisme et justifier une contribution de 100 millions de dollars sur un budget militaire annuel de 10 milliards de dollars? La question se pose d’autant plus que les premiers terroristes de la zone sahélienne étaient tous d’origine algérienne. Al Qaïda pour le Maghreb Islamique n’était qu’un rebranding du Groupe de prédication et de combat algérien. Une fois le rhabillage effectué, en partie avec la complicité des services secrets algériens, Alger était bien contente que le monstre quitte son territoire pour semer la mort à Tombouctou, Bamako, Gao, Ouagadougou et Grand Bassam.
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La logique d’Alger est claire : ne jamais se laisser entraîner dans une guerre contre le terrorisme qui peut la transformer en cible potentielle. Tant que la machine terroriste agit hors du territoire algérien, elle s’en lave les mains. En 2014, quand l’armée française avait à portée de fusil Iyad Ag Ghali, le terroriste qui revendique le plus de meurtres dans le Sahel, les services algériens lui ont demandé de s’occuper de ses affaires. Selon le quotidien LeMonde, les soldats français pouvaient le capturer vivant ou le neutraliser. Mais quand ils en ont fait part à Alger, les services secrets ont répondu: "Ne vous occupez pas d’Iyad. Nous en faisons notre affaire".
Ce mercredi est sans doute l’occasion pour Macron, dont le pays est également responsable de ce qui se passe au Sahel, de demander à Alger ce qu’elle a bien voulu faire de "cette affaire" et de toutes les autres.