Il ne passe pas un mois, sans que le FMI, la Banque mondiale ou d'autres institutions internationales ne mettent en garde l'Algérie sur les conséquences de décisions on ne peut plus hasardeuses et prises en dépit de toute logique économique. Mais incompétent jusqu'au bout, l'Exécutif algérien fait la sourde oreille. C'est ce que dénonce unanimement la presse qui craint que cette insouciance ne mène le pays droit dans le mur.
Pour le quotidien Liberté, les observations, analyses, recommandations et autres mises en garde du FMI qui ausculte, assidûment, les évolutions de l’économie et des finances de l’Algérie se suivent et se ressemblent. Le journal estime que malgré leur scepticisme alarmant, elles n'en restent pas moins "superbement ignorées" par le gouvernement. Le confrère regrette que l'Algérie soit gouvernée par des idéologies de partis politiques et non par le pragmatisme que requièrent la réalité économique, les intérêts des contribuables, des investisseurs et des consommateurs. En somme, on y raisonne à la manière des chavistes, en voulant du "tout Etat" sans poser les bases d'une économie solide.
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Dans son éditorial intitulé "Un Etat social sans économie?", le journal explique que c’est ainsi que le recours à l’endettement extérieur a été balayé d’un revers de main, au prétexte qu’une telle option porterait un coup fatal à la souveraineté de la décision nationale et qu’on a préféré actionner la planche à billets, tout en sachant qu’un tel "remède" n’allait pas être exempt d’effets secondaires, dont des répercussions inflationnistes inévitables.
Ne s'agit-il pas là d'une nouvelle forme de socialisme utopique? On est tenté de le croire, même si les dirigeants algériens n'agissent que par démagogie. Car derrière cette irresponsabilité, il y a "un système politique bloqué, dont le souci majeur est de se reproduire, indéfiniment, pour assurer sa propre continuité, voire sa survie", estime le journal.
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Dans les colonnes d'El Khabar, on tient un raisonnement similaire, estimant que ces choix passent par une politique faussement sociale, car un Etat qui se veut social doit avoir les moyens de sa politique. Il doit commencer par poser les bases d'une économie productrice de richesse, c'est-à-dire créatrice de valeur. Or tous les actes des dirigeants algériens tendent à confirmer que l'Algérie restera pour longtemps dotée d'un des pires climats des affaires au monde.
Un autre site d'information proche de l'appareil militaire abonde dans le même sens., soulignant que le sous-développement économique a pour origine le déficit de démocratie et d'Etat de droit. Mais, c'est une réalité que se garde de commenter le FMI, laissant cette tâche aux acteurs politiques et à la société civile. Cela est ruineux pour l’idéal de l’Etat social, car la démocratie et l’Etat de droit sont, après tout, et bien plus que le pétrole, les seuls garants de l’Etat social, ajoute le site.
Mais, ce sont là des critiques qui tomberont dans l'oreille des sourds du régime, fidèles à leur socialisme utopique.