C'est à se demander si le général Gaid Salah est considéré comme un opposant par le régime de Bouteflika. En tout cas, le président algérien, également ministre de la Défense ne cesse de donner des coups de pied dans la fourmilière. Sauf que celle-ci est dirigée par un sérieux prétendant à la présidence, en l'occurrence le général Gaid Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire et non moins vice-ministre de la Défense.
Hier, plusieurs organes de presse algériens ont annoncé le limogeage de généraux. Deux noms ont été comminuqués par la chaîne de télévision Ennahar, tandis que Algérie Part croyait savoir qu'il y avait une liste de 7 généraux transmise à Ahmed Gaïd Salah pour cause de changement imminent.
Bouteflika et son entourage ne sont pas dupes. Si Gaïd Salah a mis du temps à rappeler à l'ordre Abderrek Makri, le leader du parti islamise algérien MSP, qui l'avait appelé à prendre le pouvoir, c'était pour mettre la pression sur le clan Bouteflika.
Makri avait fait sa déclaration le 14 juillet et la mise au point, on ne peut plus lacunaire, de Gaid Salah n'est venue que tardivement le 26 juillet, soit 12 jours, plus tard.
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Au-dela de cette susscession de faits qui ne laisse ancun doute sur les intentions de Gaid Salah, ce dernier ne s'est jamais privé de montrer qu'il veut succéder à Bouteflika. Il ne rate jamais une occasion de rappeler que le contexte politique est critique en Algérie, que les politiciens sont fourbes, mais que l'armée demeurera républicaine.
Sauf que lui-même, Gaid Salah, est un éminent homme politique, tout général qu'il est. En effet, pourquoi est-il dans le gouvernement en tant que vice-ministre de la Défense. En acceptant ce poste, il joue le jeu des politique et rompt justement avec la neutralité républicaine qui sied à un chef-d'Etat major général des armées.
Ahmed Gaid Salh, faut-il le rappeler est à la tête de l'Armée national populaire depuis 2004, mais ce n'est qu'en 2013, pour mieux contrôler ce militaire, que Bouteflika l'a nommé vice-ministre de la Défense, un poste taillé sur mesure pour lui et qu'aucun autre n'avait jamais occupé avant lui.
Mais Bouteflika, en le mettant dans "son gouvernement" à l'époque, voulait l'avoir à l'oeil, tout en lui montrant qu'il le respectait. Ainsi, dans le communiqué officiel diffusé le mercredi 11 septembre 2013, Ahmed Gaid Salah est la troisième personne citée, après le premier ministre Abdelmalek Sellal, et le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaiz. C'est dire que, dans l'ordre protocolaire, tout vice-ministre qu'il est, Gaïd Salah arrivait bien avant les ministres de rang régalien comme ceux des Affaires étrangères ou de la Justice. Ce marque de respect est dû uniquement à la crainte qu'inspire la personne d'Ahmed Gaïd Salah.
En réalité, le président Bouteflika ne sait pas réellement quoi faire avec ce militaro-politique encombrant. C'est pourquoi il gesticule sans cesse en montrant que c'est lui le vrai chef de l'Armée nationale populaire et qu'en tant que tel, il a, lui seul, le pouvoir de nommer et de démettre un général. Néanmoins, ce besoin impérieux de montrer qu'il a les cartes en main interroge.