Alors que tout le monde s’attendait à la démission annoncée de Saïd Bouhadja, président de l’Assemblée populaire nationale (APN), durant le week end dernier, celui-ci s’est rétracté à la dernière minute. «J’ai reçu un appel venant "d’en haut" m’ordonnant de ne pas quitter mon poste», a-t-il souligné à l’assistance. L’appel lui enjoignait de ne pas se plier au diktat du dirigeant du FLN, parti au pouvoir, et du Premier ministre Ahmed Ouyahia, Secrétaire général du RND.
Du coup, celui qu’on disait avoir préparé ses cartons pour quitter l’hémicycle y demeure encore et peut-être pour longtemps près ce coup de fil. Il est d’autant plus sûr de lui qu’il a reçu, jeudi dernier, le soutien de la puissante Organisation nationale des moudjahiddine. Et son passé de Moujahid pèse sur la balance.
Le président du parlement algérien n’indique pas de qui il a reçu cet appel. Seulement, en Algérie, le terme «d’en haut» a une signification particulière en désignant le président de la république, Abdelaziz Bouteflika.
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Reste à savoir si celui-ci qu’on dit très souffrant et qui n‘est pas arrivé à communiquer avec la chancelière allemande en visite à Alger a t-il décroché son téléphone pour enjoindre Bouhadja à rester à son poste? Qui tire donc les ficelles au sein de la présidence? Comment se fait-il que les secrétaires généraux du FLN, Ould Abbès, et du RND, Ahmed Ouyahia, qui demandent la démission du président du parlement, aient pu avoir des divergences aussi énormes avec la présidence?
Une chose est sûre, s’il est vrai que Bouhadja avait préparé ses cartons hier matin avant de se rétracter l’après-midi suite à un coup de fil de la présidence, cela atteste une fois de plus de l’absence d’un chef au sommet de l’Etat algérien.
Dans tous les cas, à cause de la gestion catastrophique de cette crise, le pouvoir législatif algérien est bloqué. A quelques mois de la présidentielle, il est fort probable que des têtes de l'échiquier politique commencent à tomber, après celles des sécuritaires et des hauts responsables de l’armée.
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Les jours à venir éclairciront certainement les tenants et les aboutissants des manœuvres qui se déroulent en coulisse dans la perspectives des élections de 2019 qui s’annoncent houleuses, même en l'absence de candidats face à Bouteflika, qui n‘est pas encore prononcé sur une éventuelle candidature pour un 5e mandat.
Beaucoup d’observateurs voient dans la crise de la présidence de l’APN un marchandage en coulisse entre les deux grands partis politiques algériens, FLN et RND, pour le fauteuil du président de la chambre haute, le Sénat, qui serait appelé à remplacer le président en cas de vacance de pouvoir.