Jamais une armée n’a connu une décapitation d’une telle ampleur et en un laps de temps aussi court que ce qui vient de se passer en Algérie. Pour justifier ces limogeages, les autorités algériennes essayent de berner tout le monde sur une hypothétique affaire de cocaïne. Et comme la mayonnaise ne prenait pas, on en a greffé aussi «l’enrichissement illégal, abus de poste».
Seulement, le traitement réservé aux généraux limogés et aux 5 généraux-majors arrêtés et présentés avec menottes à la justice militaire, montre clairement que la corruption, phénomène qui fait partie de la gymnastique des dirigeants algériens, n’est pas l’unique raison de l’arrestation et de la purge des généraux de l’armée.
Selon Mondafrique, «la corruption dont ces gradés sont accusés fait figure de leurre. Le plus probable est leur implication, nous indiquent des sources fiables à Alger et Paris, dans une tentative de coup d’Etat, stoppée par l’actuel patron du ministère de la Défense, le général Gaïd Salah, allié pour le meilleur et pour le pire avec le Président Bouteflika».
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Le chef d'orchestre de cette tentative de coup de force serait l’ancien chef de la police, le général-major Abdelghani Hamel, puissant chef de la sureté algérienne, parfois présenté comme un possible successeur du président. Il fut le premier à être limogé sans ménagement suite à une déclaration sur la saisie de la cargaison de 701 kg de cocaïne. Un prétexte, étant donné que l’enquête qui devrait revenir à la police et à la sûreté, donc à son département, a été préalablement transférée à la hiérarchie militaire.
En effet, selon Mondafrique, Hamel «a réalisé que la maladie de son mentor, le président Bouteflika, était irréversible et qu'un cinquième mandat, rhétorique reprise par une partie de la classe politique et des chancelleries, était juste irréaliste compte tenu de la santé du président».
Seulement, bien qu’étant jugé homme de confiance et très proche du clan Bouteflika, raison pour laquelle il occupait le poste sensible de directeur de la sûreté, Hamel, qui ne cachait pas son ambition présidentielle, savait que la succession du président malade ne se fera pas facilement, tant les prétendants sont nombreux, à commencer par le jeune frère du président qui espère une «succession monarchique».
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Selon le site français, très au fait des réalités africaines, c’est cette situation qui a poussé le général Hamel à se préparer pour «développer ses propres réseaux et préparer son accession au pouvoir, sans la bénédiction de la Présidence».
Seulement, pour réussir, le tout puissant patron de la police devrait isoler le tout aussi puissant chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, un des plus fidèles alliés du président, non moins aussi intéressé par le fauteuil présidentiel et qui s’oppose, de facto, à toute «succession familiale à la cubaine». Pour y arriver, selon Mondafrique, il s’appuie alors sur un ancien de l'ex-DRS (Département du renseignement et de la sécurité), le colonel Yazid Zerhouni, qui vit en France depuis 2012 et qui souhaite la fin de l’ère Bouteflika. Ce proche du général-major Toufik Mediène, ancien patron du DRS, débarqué en 2015, en brouille avec Bouteflika, se chargeait de préparer le terrain auprès des services américains et français.
A l’intérieur, Hamel recrute Mohamed Tireche de la DCSA (renseignement militaire) déjà en mal avec sa hiérarchie, pour garder un œil sur le ministère de la Défense de Gaid Salah, le général Menad Nouba, patron de la gendarmerie algérienne, et les puissants chefs des régions militaires.
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Et pour couronner le tout, des actions d’instrumentalisation ont été entreprises auprès de blogueurs et du mouvement citoyen «Mouatana» pour discréditer encore plus le pouvoir en place, tout en distillant des informations sur l’aggravation de l’état de santé du président Bouteflika.
Toutefois, selon le média français, à cause d’«une trahison mal orchestrée», le général Hamel a échoué et payé cher. «Le coup de force de cette camarilla de généraux a finalement échoué. Dans une guerre éclair magistralement menée, Gaïd Salah est parvenu, avec l’appui des Américains, à utiliser le scandale de la cocaïne, gérée par ses hommes, pour éclabousser, voire abattre, ses adversaire».
Se sentant trahi, Gaid Salah, qui vise aussi la présidence algérienne, est décidé à prendre sa revanche sur ses hommes. D’où le recours à la justice militaire et l’incarcération des 5 hauts gradés, parmi lesquels trois chefs de régions militaires, dont le puissant Saïd Bey.
Ainsi, tous ces limogeages de généraux sont liés au 5e mandat en préparation pour Bouteflika. Alors, à qui profitera réellement cette purge des généraux?