Depuis plusieurs mois les Algériens font état de restrictions dans l'attribution des visas Schengen auprès des services consulaires des pays européens, notamment la France, l’Espagne et l’Italie. Malgré les démentis des représentants diplomatiques français et espagnols, le nombre important de refus de visas ne laisser point de doute sur les intentions réelles des chancelleries européennes.
Aujourd’hui, ce qui était un secret de polichinelle est connu de tous. Alger figure dans la liste des 17 pays de la Commission de l’Union européenne auxquels sont appliqués le principe de «Visa contre le rapatriement des immigrants illégaux».
Jusqu’à présent, les autorités algériennes expliquait la hausse des refus de visas essentiellement par le fait qu’Alger s’est opposé catégoriquement à la proposition d’ouvrir des centres de rétentions de migrants sur son sol, malgré l’engagement de l’Union européenne d’assurer le financement de la lutte contre les migrants subsahariens (interception en mer, rétention et rapatriement).
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Toutefois, il ressort clairement que la principale cause de cette restriction de visas aux Algériens est liée au refus d’Alger de collaborer avec les Etats de la zone Schengen en matière d’identification et de rapatriement de ses propres ressortissants illégaux au sein de cet espace européen.
Alger reconnaît avoir entamé des négociations avec la Commission européenne sur l’expulsion de ses ressortissants en situation illégale en échange de l’octroi de visas aux Algériens. Seulement, pour l’Union européenne, Alger est jugé peu coopératif sur ce dossier.
Or, confrontée à une forte hausse des arrivées de migrants au cours de ces dernières années, l’Union européenne est devenue plus ferme.
Selon Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, les arrivées en mer par l’Espagne en 2017 ont plus que doublé par rapport à 2016, passant d’un peu plus de 10.000 à 23.000 migrants.
Toutefois, si le flux des Subsahariens a beaucoup diminué, cette hausse est essentiellement le fait de migrants venant du Maghreb dont beaucoup d’Algériens. De plus, beaucoup d’Algériens ayant obtenu des visas de courtes durées sont restés sur le sol européen, en toute clandestinité. Or, en 2017, les autorités consulaires françaises ont octroyé 400 000 visas aux Algériens.
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Cette situation inquiète beaucoup les Européens. A ce titre, le Directeur central de la police française des frontières, Fernand Gontier, avait plaidé devant le Sénat pour un durcissement des conditions d’octroi de visas aux Algériens.
«L’Algérie nous préoccupe (…) beaucoup: sa jeunesse est en désespérance et quitte le territoire. La France reste très attractive», expliquait-il, ajoutant que «les Algériens représentent la deuxième communauté la plus importante en situation irrégulière sur notre territoire. Nous effectuons plus de 10.000 interpellations par an. Beaucoup d’Algériens arrivent avec des visas mais ne repartent plus».
Une situation qui a incité le Sénat français a demander l’application stricte des réductions des quotas de visa Schengen aux pays non-collaboratifs dans les opérations de rapatriement des migrants.
Ainsi, il faut s’attendre à une réduction drastique du nombre de visas octroyés aux Algériens au titre de cette année, d’autant qu’Alger préfère parler pour le moment d’appliquer le principe de réciprocité aux pays européens.