Alors que l'entourage du président Bouteflika effectue les derniers réglages pour présenter officiellement la candidature du président algérien en exercice, une partie de la presse algérienne a décidé de prendre ses distances avec cette mascarade. Ainsi, le quotidien El Watan ne mâche pas ses mots, et qualifie ce lundi de «kafakaïenne» et de «surréaliste» la perspective d’un cinquième mandat, dans un article au vitriol sous ce titre interrogateur: «Etat de santé de Bouteflika: un 5e mandat, est-ce sérieux ?».
Evidement, la réponse à cette question saute aux yeux, puisqu’il s’agit là d’une véritable comédie burlesque à laquelle les apparatchiks algériens préparent le pays.
«Entre l’image d’un chef d’Etat très malade, très fatigué et donc loin d’exercer les fonctions présidentielles – on n’a pas besoin de l’avis d’un médecin pour le constater – et les ambitions qu’on lui prête, il y a un océan d’incompréhension, une profonde consternation devant une situation kafkaïenne que le bon sens ne peut admettre», écrit ainsi ce confrère.
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Pour le journal, il faut être «mentalement fou et intellectuellement amoindri pour accepter le plan de ceux qui ont tiré profit de son règne et qui veulent à tout prix rester au pouvoir». Cette entreprise d'un cinquième mandat pour Bouteflika, si elle se réalise, sera un «acte en violation de la Constitution et politiquement immoral».
Et de toute manière, selon l’auteur de cette virulente sortie, Abdelaziz Bouteflika ne pourra pas présenter de certificat médical attestant de ses capacités à assumer la fonction de chef d’Etat comme l’exige la constitution. Il n’est pas, non plus, en mesure de déposer lui-même la déclaration de sa candidature auprès du Conseil constitutionnel, comme l’exige la loi fondamentale algérienne.
«Pourquoi alors veut-on imposer un 5e mandat à un Président qui a assurément cessé d’accomplir les tâches que lui confère la Constitution depuis bien longtemps?», se demande toujours le quotidien.
Selon El Watan, personne ne peut croire au projet irréaliste du Front de libération nationale (FLN) et du Rassemblement national démocratique (RND) qui est une «niaiserie», «un grave mépris à l’endroit des Algériens et une intolérable insulte à leur intelligence».
Si les comploteurs contre la volonté du peuple atteignent leur objectif, «l’Algérie se retrouvera assurément avec un président absent et des centres de décision opaques et dilués, et surtout avec le risque de rejouer les élections en raison de son incapacité avant les échéances de 2024». Cette tribune sera-t-elle entendue par la nomenklatura? Rien n'est moins sûr.