Algérie: les vrais enjeux d'un cinquième mandat de Bouteflika

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Le 06/02/2019 à 10h51, mis à jour le 06/02/2019 à 10h55

Revue de presseLe fait est là: Bouteflika ne pourra pas confirmer lui-même sa candidature à la présidentielle d'avril prochain. Mais bien qu'incapable de le faire, les apparatchiks du régime considèrent qu'il est le seul homme qui peut diriger le pays. Ce paradoxe s'explique par au moins trois raisons, que voici.

Le président algérien est malade, c'est là un très doux euphémisme. Il ne s'est pas adressé une seule fois à ses compatriotes durant tout son quatrième mandat. Une bien triste réalité. Mais son entourage lui fait, de fait, briguer un cinquième mandat. Une décision aussi illogique qu'inacceptable, mais qu'assume la majorité présidentielle. 

Le quotidien El Watan s'est intéressé à la raison d'un tel choix, en interrogeant des acteurs de la vie politique algérienne. Pour Ahmed Adimi, chargé de la communication de Talaie El Hourriyet, le parti de Ali Benflis, candidat à ce scrutin, cet entêtement pour un cinquième mandat s'explique par l'absence, "d’une personnalité qui soit acceptée par l’opinion publique" en tant que présidentiable.

Ahmed Adimi estime qu'un éventuel candidat du Front de libération nationale (FLN) ou du Rassemblement national démocratique, autre que Bouteflika, ne serait pas en mesure d'obtenir plus de 1% des voix lors de la prochaine élection. 

Mais ce n'est pas là l'unique raison, puisque les apparatchiks ont peur, en fait, de deux autres facteurs. D'abord, l'arrivée d'un nouveau chef d'Etat serait synonyme de réformes et d'une réorganisation qui les éloigneraient des lambris du pouvoir. Ensuite, tous ceux qui ont eu à assurmer des responsabilités devraient enfin rendre des comptes de leur gestion nébuleuse du pays au cours des vingt dernières années. 

Mohcine Belabbes, leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), avance quant à lui une autre raison: c'est l'absence de consensus autour d'une personnalité qui est à l'orgine de cette décision. De plus, ajoute-t-il, il n'a pas été possible de repousser l'organisation de l'élection présidentielle. Donc, ce cinquième mandat est donc une "candidature par défaut" après le rejet par l'opposition de la "conférence nationale" que le pouvoir voulait organiser le "9 février". 

"Ils veulent nous faire croire que l'Algérie a besoin d'un homme [qui] ne peut rien faire pour lui-même", renchérit-il. "Derrière cet homme-là, on veut continuer à gérer le pays comme une tribu, en se partageant les privilèges et les prérogatives", dénonce Mohcine Belabbes.

En somme, c'est la sauvegarde des privilèges qui explique cette décision peu défendable de présenter Abdelaziz Bouteflika comme candidat à un cinquièmemandat.

Sauf qu'en scrutant l'état de santé de Bouteflika, on comprend aisément que son entourage gagnerait à avoir un plan B à portée de main. Juste au cas où. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/02/2019 à 10h51, mis à jour le 06/02/2019 à 10h55