Lundi, le président Abdelaziz Bouteflika, confronté à une contestation inédite depuis son élection à la tête de l'Algérie il y a 20 ans, a annoncé renoncer à briguer un 5e mandat et reporter la présidentielle du 18 avril, tout en prolongeant de fait son mandat sine die, jusqu'à un prochain scrutin dont la date sera fixée par une "Conférence nationale".
Colonisée par la France pendant 132 ans, après trois siècles de domination turque, l'Algérie proclame son indépendance le 5 juillet 1962 à la suite d'une guerre de libération sanglante de près de huit ans.
En septembre 1963, Ahmed Ben Bella, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), devient le premier président de l'Algérie indépendante.
En 1965, il est renversé par un coup d'Etat du colonel Houari Boumédiène, puis emprisonné. Boumédiène va diriger le pays d'une main de fer. Après son décès fin 1978, Chadli Bendjedid lui succède. Il est réélu en 1983 et 1988.
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En octobre 1988, de violentes émeutes secouent Alger où l'état de siège est instauré. L'armée rétablit l'ordre en menant une sanglante répression, tout en engageant des réformes qui mettent fin au règne du parti unique.
L'annulation en 1992 du 1er tour des législatives remporté par le Front islamique du salut (FIS) déclenche des affrontements entre groupes islamistes et forces de sécurité.
Le 15 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika, adoubé par l'armée, est élu président en pleine guerre civile.
Deux lois d'amnistie, en 1999 puis en 2005, largement adoptées par référendum convainquent de nombreux islamistes de quitter le maquis et de déposer les armes. La guerre civile a fait officiellement entre 1992 et 2002 quelque 200.000 morts.
En 2014, Bouteflika, candidat du FLN, est réélu pour un quatrième mandat (81,49%) malgré un accident vasculaire cérébral survenu en 2013 qui affecte sa mobilité et son élocution.
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Pays du Maghreb, l'Algérie est le plus grand d'Afrique (2.381.741 km2). La grande majorité du territoire est constituée de régions désertiques.
Plus de 80% de ses habitants (42 millions d'habitants au total) vivent sur le littoral, surtout dans la capitale Alger et sa région. Près de 54% de la population a moins de 30 ans.
Le pays compte quelque 10 millions de berbérophones, la plupart vivant en Kabylie, région montagneuse et frondeuse à l'est d'Alger.
Langue du colonisateur, le français ne fait pas partie des langues officielles --arabe et tamazight (berbère)--, mais le pays compte de très nombreux francophones.
Socialiste jusqu'au début des années 1990, l'économie reste marquée par une forte intervention étatique. La rente pétrolière subventionne carburant, eau, santé, logements et produits de base.
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L'Algérie est le 3e producteur de brut d'Afrique et le 9e producteur de gaz mondial. Les hydrocarbures rapportent plus de 95% des recettes extérieures et contribuent pour 60% au budget de l'Etat.
Mais la chute des cours a durement touché l'économie du pays.
Fin 2018, le centre d'analyses International Crisis Group estimait que des réformes étaient urgentes pour diversifier l'économie et qu'en dépit du "rétablissement du cours du pétrole, la crise économique pourrait frapper le pays dès 2019".
"Malgré les promesses des gouvernements successifs (...), la paralysie politique a fait obstacle à toute mesure décisive", estimait l'ICG dans un rapport intitulé "Surmonter la paralysie économique de l'Algérie". Le pays peut néanmoins compter sur une dette extérieure inférieure à 2% du PIB et à des partenaires "prêts à apporter leur soutien".