Algérie. Polémique: un Marocain pour remplacer Bouteflika?

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Le 27/03/2019 à 16h10, mis à jour le 27/03/2019 à 16h22

Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l'armée nationale populaire, a suggéré, mardi 26 mars, l’application de l’article 102 de la Constitution, prévoyant l’empêchement du président Bouteflika. Selon la constitution, son remplaçant devrait être le président du Sénat.

En Algérie, après la sortie du général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défence et chef d'état-major de l'armée, demandant la destitution du président Abdelaziz Bouteflika, la question sur toute les lèvres est de savoir qui occupera le fauteuil présidentiel durant la période de transition nécessaire avant des élections présidentielles? 

Sur ce point, si le règlement est respecté, en cas d'incapacité du chef de l'État à mener à terme son mandat, la charge suprême au sommet de l'Etat revient au président du Conseil de la Nation qui doit assurer l'intérim, selon les termes de l’article 102 de la constitution algérienne.

Celui-ci précise que «le Président du Conseil de la Nation assume la charge de chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. Le chef de l'Etat, ainsi désigné, ne peut être candidat à la Présidence de la République».

En conséquence, c'est à Abdelkader Bensalah (âgé aujourd'hui de 77ans), président du Conseil de la nation, la chambre haute du parlement algérien (Sénat) que devra incomber cet intérim tant attendu. 

Président de la chambre haute du Parlement algérien depuis 2002, il a été réélu le 9 janvier 2013, puis le 29 janvier 2019. Seulement, selon le site d'information français lefigaro.fr, les origines du président du Conseil de la nation ont toujours été flous.

L’homme atteste être né en Algérie de parents algériens, son père et son grand-père reposent au mausolée de Sidi Benamar.

Toutefois, le quotidien français assure que Bensaleh est marocain et n’aurait acquis la nationalité algérienne par naturalisation qu’en septembre 1965, à l’âge de 24 ans.

Cette polémique sur sa nationalité risque d'enfler dans le contexte actuel. Ainsi, pour Lakhdar Benkhellaf, leader parlementaire du Front algérien pour la Justice et le développement (FJD), l’actuel président du Conseil de la nation, ne pourrait pas diriger le pays si l’actuel président Abdelaziz Bouteflika démissionne.

Et pour cause, explique ce dirigeant islamiste, l'actuel président du Sénat «a un problème avec sa nationalité d’origine», expliquant qu’il avait une nationalité marocaine jusqu’en 1964.

Or, la condition fondamentale pour qu’un responsable occupe le poste de président, souligne-t-il, est de «posséder la nationalité algérienne d’origine». 

De même, Louisa Ait Hamadouche, politologue algérienne estime que Bensalah «ne peut absolument pas être considéré comme une personnalité politique neutre». Pour elle, au plan juridique, la Constitution dispose que «même le président par intérim doit avoir la nationalité algérienne d’origine, ce qui n’est pas el cas de Bensalah qui a été naturalisé bien après l’indépendance».

«Cherchez mes origines et mes racines et vous les trouverez dans les profondeurs du Djebel Fellaoucène, à Tlemcen, là ou sont nés mes parents et mes ancêtres, là où je suis né aussi, là où ils ont grandi, vécu et décédé. (…) Si vous voulez savoir qui je suis, allez au village de Mahrez, daïra de Fellaoucène, ouvrez les registres de l’état civil de la commune et interrogez ceux que vous voulez», a-t-il tenté de longuement se justifier en 2013.

Mais cette fois-ci, cette polémique sur la nationalité de Bensalah risque de connaître une nouvelle tournure. En effet, le président du Sénat est considéré comme un fervent défenseur du 5e mandat de Bouteflika et il est aussi considéré comme un des barons du régime.

Journaliste de formation, Abdelkader Bensaleh a été le directeur général du quotidien arabophone El Chaab avant d'être élu député de la Wilaya de Tlemcen, de 1977 à 1989.

Il a été nommé, par la suite, ambassadeur en Arabie saoudite puis porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

En 2004, il a été élu président de l’Union parlementaire africaine.

Il est membre fondateur et ancien secrétaire général du parti libéral algérien, le Rassemblement National Démocratique (RND), un soutien du pouvoir.

Son successeur à la tête de ce parti n’est autre qu’Ahmed Ouyahiya, ancien Premier ministre de Bouteflika.

Par Karim Ben Amar
Le 27/03/2019 à 16h10, mis à jour le 27/03/2019 à 16h22