Il ne se passe plus une journée sans que les Algériens ne descendent dans la rue pour manifester contre le projet de cinquième mandat pour Abdelaziz Boureflika.
Selon le quotidien algérien El Watan, "la candidature du président Bouteflika à la présidenteille du 18 avril 2019 passe mal chez les Algériens".
Lire aussi : Vidéo. France-Algérie: un millier de personnes à Paris contre un cinquième mandat pour Bouteflika
Tandis que le régime s'agrippe au pouvoir, "l'enthousiasme des citoyens" dont parlait Ahmed Ouyahia dans son interview sur la chaîne de télévision France24 ne semble décidément pas être au rendez-vous. Loin s'en faut. Il s'agit même, plutôt, d'une opposition qualifiée de "citoyenne" par El Watan, laquelle prend forme petit à petit, mais de manière irréversible.
Depuis le samedi 8 février dernier, où Bouteflika était sorti de l'ombre pour officialiser sa candidature, la rue algérienne gronde.
Ce sont les habitants de la ville de Béjaia, à 220 kilomètres à l'Est d'Alger, qui ont, les premiers, donné le ton avec une manifestation spontanée dès le jour de l'annonce: plusieurs centaines de jeunes étaient alors sortis, scandant "non au cinquième mandat!".
Les Oranais leur ont ensuite emboité le pas dès le lendemain, avec un slogan qui est rapidement devenu le refrain de toutes les manifestations: "Bouteflika yal Maroqui makansh 3a7ad 5" ("Bouteflika, le Marocain, pas de 5e mandat").
Et dès le lendemain, à Chlef (à 200 kilomètres au sud-ouest d'Alger) et Bordj Bou Arréridj (ville entre la Kabylie et les Haut-Plateaux), la foule scande les mêmes phrases.
Lire aussi : Algérie. Said Sadi: la candidature de Bouteflika est "humiliante"
Pourtant, le ministre algérien de l'Intérieur et le chef d'état-major des armées ont tous mis en garde les manifestants, mais rien n'y a fait.
En effet, le week-end dernier, ce sont les villes de l'Est du pays qui ont pris le relais, avec des manifestations qui ont drainé beaucoup de monde.
En pays kabyle, notamment à Kheratta, le record de la mobilisation contre ce cinquième mandat pour Bouteflika a été battu.
"Outre le slogan hostile au maintien du chef de l’Etat, les manifestants réclament aussi la chute du régime. "Echaab yourid isqat Enidam" ("le peuple veut la chute du régime"), lançaient les contestataires", écrit El Watan.
Abdelaziz Bouteflika et le régime d'appartchiks qui l'entoure semblent tenir, pour le moment, pour quantité négligeable cette mobilisation "citoyenne", mais il semble bien qu'elle va grandissant, bravant les menaces.
Cette situation rappelle d'ailleurs étrangement le printemps arabe de 2011, qui avait débuté par de petites manifestations, mais qui avait fini par emporter les régimes tunisien et égyptien.
A cette époque, le pouvoir algérien avait survécu grâce à sa manne pétrolière, mais cette dernière s'est, depuis, tarie.