Algérie: la "révolution du sourire" rabat le caquet à Gaïd Salah

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Le 30/03/2019 à 14h22, mis à jour le 30/03/2019 à 14h22

Revue de presseHier, vendredi 29 mars, des millions de manifestants ont encore pris d'assaut les rues de toutes les villes du pays. Une manière pour les Algériens de dire au système, y compris au général Gaïd Salah, qu'ils ne se laisseront pas détourner de leur "Révolution du sourire".

Ce vendredi 29 mars, les Algériens sont sortis beaucoup plus nombreux que lors cinq précédents rendez-vous. Il s'agit d'un sérieux désaveu pour le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah qui pensait tenir le bon bout en demandant la destitution de Bouteflika et en le revêtant d'une certaine légalité.

Ce refus des Algériens de se voir voler la "Révolution du sourire" par les acteurs du système, y compris l'institution militaire, n'a pas échappé aux médias locaux.

Dans El Watan, qui a couvert l'ensemble des manifestations à travers le pays, la ville de Béjaïa lance un message clair au système. "Vous n'avez pas encore compris notre colère", disait une pancarte. Un message qui, non seulement, traduit le sentiment général qui a régné tout au long de ces cinq semaines de manifestations, mais surtout, qu'il serait sage pour le système tout entier de prendre à son compte.

En réalité, tous les messages sont édificateurs de la détermination des Algériens à venir à bout d'un régime et d'un système accusé de spolier le pays, respectivement, depuis vingt ans pour le système Bouteflika et depuis 57 ans d'indépendance pour l'armée.

Ici, c'est sur un bout de papier arraché à un cahier d'écolier qu'il est écrit "Klitou leblad ya seraqine", c'est-à-dire, "Vous avez pillé le pays bande de voleurs". Là, une grande pancarte arbore le message suivant: "Un peuple instruit, jamais ne sera soumis".

Et un peu plus loin encore, on ne raté pas l'occasion de dire à Gaïd Salah de s'occuper de l'armée et de laisser le peuple avec sa révolution. "C'est trop tard pour l'article 102, il faut appliquer le 7", lui dit un groupe de jeunes. L'article 102 permet au Conseil constitutionnel de demander au Parlement de voter l'empêchement de Bouteflika pour raison de maladie grave. Alors que l'article 7 dispose: "le peuple est la source de tout pouvoir".

C'est Tout sur l'Algerie qui résume bien la situation. "Le mouvement gagne en ampleur: les Algériens sont déjà dans l'après-système", écrit le site d'information dans le titre de son article résumant les manifestations d'hier. 

"Aujourd’hui, les Algériens ne sont pas seulement dans l’après-Bouteflika, ils se projettent dans l’après-système", noté Tout sur l'Algerie. Et d'ajouter: "Ce qu’ils réclament désormais, c’est l’acte de capitulation de ce système et une feuille de route claire qui soit une garantie pour le changement et non une énième manœuvre du régime".

En effet, la proposition de Gaïd Salah' n'est rien d'autre qu'une manière de faire de Bouteflika un agneau de sacrifice, avant de "confier les clés de la transition aux hommes du système, avec Abdelkader Bensalah à la présidence, Noureddine Bedoui au gouvernement et Tayeb Belaïz au Conseil constitutionnel".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/03/2019 à 14h22, mis à jour le 30/03/2019 à 14h22