Sur une vidéo diffusée par les étudiants de l'Institut supérieur de médecine de Batna, on les voit dessiner le mot "DEGAGE" sur la terrasse de l'établissement. Tous ensemble, ils scandent le même slogan, adressé aux trois B qu'ils veulent voir quitter le pouvoir dans cette phase de transition. La vidéo réalisée à l'intérieur d'un établissement, a pourtant eu autant d'impact que si elle concernait une manifestation du vendredi.
Visiblement, devant la répression, les Algériens comptent maintenir la pression sur le régime, en multipliant les actes de résistance.
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Les médias parlent de plus en plus de désobéissance civile. Les magistrats, acteurs fondamentaux de l'organisation de l'élection présidentielle, affirment qu'ils ne superviseront pas le scrutin du 4 juillet prochain. Samedi, 13 avril, ils sont encore montés au créneau pour dénoncer la "mascarade que prépare le pouvoir".
Les maires leur ont emboîté le pas. En effet, dimanche 14, une quarantaine d'édiles ont décidé eux aussi de ne pas réviser les listes électorales. A ce titre l'attitude de ce maire d'une petite localité dans la wilaya de Tizi Ouzou est emblématique du refus de ses pairs à être complices de la magouille que prépare le régime.
Slimane Khermous, maire de Souk el Tenine, a rabattu le caquet à son Wali qui demandait que les maires s'impliquent dans la préparation de la présidentiellle du 4 juillet. "Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que nous ne procéderons pas à la révision ni à la préparation des élections suscitées, et cela par respect à la volonté du peuple algérien dont nous tenons notre légitimité, aussi par notre conviction personnelle et par respect aux juges qui ont exprimé leur décision de ne pas accompagner ce processus de la honte", a-t-il répondu au courier qu'avait envoyé son Wali.
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Son geste n'est pas anondin, puisque l'Algérie est l'un des rares pays où des walis nommés sur simple décrét, ont le pouvoir de démettre les maires, qui eux, tiennent leur légitimité de la volonté du peuple.
Cette désobéissance civile, les ministres en ont fait les frais au cours de ces derniers jours. En effet, samedi 13, à Béchar trois membres du gouvernement Bedoui, qui s'y étaient rendus, ont été forcés par une foule nombresuse à annuler la visite de terrain programmée.
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Le lendemain, à l'aéroport de Tebessa, proche de la frontière tunisienne, le ministre de l'Energie également n'a pas pu mener sa visite. Il est resté bloqué plusieurs heures dans son avion, espérant que passe la colère des manifestants venus l'accueillir. Finalement, c'est par une porte dérobée qu'il aurait quitté l'aéroport.