Algérie: la grossière fuite en avant de Bensalah

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Le 19/04/2019 à 15h25, mis à jour le 19/04/2019 à 15h27

Abdelkader Bensalah, le président algérien par intérim, a programmé un dialogue lundi prochain. En 2011, il avait dirigé pour le compte de Bouteflika des concertations identiques et avait lamentablement échoué. Il veut faire des participants à ce cadre des faire-valoir légitimant son statut.

Abdelkader Bensalah, dont les manifestants ne cessent de réclamer le départ, cherche à noyer le poisson dans une conférence convoquée ce lundi 22 avril.

Il a convié 100 personnalités pour, dit-il, se "concerter et créer une atmosphère transparente en prévision de la présidence du 4 juillet prochain". 

Après Abdelaziz Ziari, ex-président de l’Assemblée nationale populaire (APN), Abdelkader Bensalah a reçu hier, jeudi 18 avril, le président du Front El Moustaqbal, Abdelaziz Belaid, "deux personnalités proches du pouvoir, sans poids réel sur la scène politique", écrit le site d'information Tout sur l'Algérie. 

Hier jeud, à la veille du neuvième vendredi de manifestation, il a rencontré plusieurs personnes issues de la société civile ou des partis politiques.

Son objectif officiel est de discuter de "propositions de sortie de crise". mais officieusement, il veut s'offrir une ligitimité qu'il n'a toujours pas obtenue, plus de dix jours après sa confirmation comme chef de l'Etat par intérim. 

Il s'agit, ni plus ni moins, d'une fuite en avant, car les Algériens réclament avant tout son départ qui doit être en tête de ces fameuses "propositions de sortie de crise".

D'ailleurs, ce vendredi 19 avril, le slogan des manifestants n'a pas changé. ils réclement toujours avec fermeté le départ des deux B restants, à savoir lui-même Abdelkader Bensalah, mais également Noureddine Bedoui, actuel Premier ministre.

Après la démission du troisième B qu'est Tayeb Belaiz, les manifestants ont pris pour cible Mouad Bouchareb, actuel président de l'Assemblée nationale populaire. Encore un autre B, dont ils veulent se débarrasser, ce qui ramène à nouveau le décompte à trois B. 

Si Abdelkader Bensalah ne part part et que Noureddine Bedoui reste en poste, les Algériens peuvent se demander à quoi servira le dialogue de ce lundi.

Car ce qu'il faudrait, selon le Parti Jil Jadid (Nouvelle Génération), ce serait "la formation d'un gouvernement neutre, non partisan et dont la durée de la mission serait entre 6 à 12 mois", ce que Bensalah n'est pas en mesure de décider, puisque ses prérogatives constitutionnelles en tant que président par intériem sont limitées. 

Au sein de la société civile, c'est le même son de cloche. Ce vendredi, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme a clairement affirmé que "Abdelkader Bensalah n'a aucune légitimité pour mener des consultations ou un dialogue politique".

Toujours selon la LADDH, le dialogue auquel appelle le président par intérim sera "un simulacre" identique au dialogue de 2011, que lui-même avait d'ailleurs dirigé. 

D'ailleurs dès la presse algérienne, commentant ces consultations, s'est empressée de rappeler que Bensalah est l'"homme des fausses réformes de 2011, qui appelle au dialogue". 

Pour rappel, en 2011, "Bensalah a déjà eu à mener des consultations en 2011 avec des personnalités politiques dans le cadre des réformes politiques annoncées alors par Bouteflika avec les résultats que l’on connaît: aucune réforme engagée, des lois liberticides et une Constitution – imposée en 2016- qui a consacré un régime présidentialiste que Ziari lui-même n’hésite pas à qualifier aujourd’hui de «dangereuse»", conclut le site TSA. Tout est dit.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 19/04/2019 à 15h25, mis à jour le 19/04/2019 à 15h27