Encore un mardi où les Algériens guettent, devant leur petit écran, un discours du nouvel homme fort du pays. Ahmed Gaïd Salah vient de lire son discours hebdomadaire, alors qu'il est en visite dans la 5e région militaire.
Il a promis de débarrasser l'Algérie de la corruption et des corrompus. Rien de moins.
Comme à son habitude, il a nommément cité des personnes qui ne tarderont pas à être dans le collimateur de la justice, si elles n'y sont pas déjà. Ainsi, les généraux Said Bey, Abderrazak Cherif Habib Chentouf, Menad Nouba et le directeur des finances du MDN, sont actuellement impliqués dans les affaires de corruption.
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Cette nouvelle sortie présage-t-elle de poursuites contre Saïd Bouteflika que de plus en plus de voix accusent d'avoir été "l'hologramme" de son frère, pour reprendre les termes du général Khaled Nezzar, qui vient de se défausser sur lui?
Il serait aisé de le croire, puisque l'intention de Ahmed Gaïd Salah, général de corps d'armée et chef d'état-major général de l'Armée nationale populaire, est de tout faire pour se donner le meilleur rôle afin d'échapper à la sanction que lui réservent les manifestations.
Faut-il, de plus, le rappeler, Ahmed Gaïd Salah apparaît de plus en plus comme un imposteur aux yeux de bon nombre de ses concitoyens.
Ces derniers, malgré une mobilisation de plusieurs millions de manifestants, ne parviennent toujours pas à avoir gain de cause.
En effet, malgré la chute de Bouteflika, le système ardemment combattu par la rue est toujours en place.
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Deux des "trois B" dont la tête était réclamée, à savoir Noureddine Bedoui, actuel Premier ministre et Abdelkader Bensalah, président par intérim, sont toujours en place et seront les principaux acteurs qui devront piloter la transition.
Or la responsabilité de Gaïd Salah est entière dans cette situation, lui qui assume ostensiblement le rôle de chef véritable de "l'Etat profond" algérien.
Actuellement, la justice, qui était aux ordres du régime civil de Bouteflika, obéit au doigt et à l'oeil à l'armée et à son chef.
La semaine dernière, plusieurs manifestants ont brandi des pancartes hostiles à Ahmed GaÏd Salah qui fait semblant d'ignorer le rejet dont il fait l'objet.
Il n'en a d'ailleurs pas fait état dans le discours de ce mardi 30 avril. Du reste, ces poursuites qu'il ordonne lui permettent d'imposer encore un peu plus son régime militaire autocratique.
La rue devra donc encore attendre avant que la justice ne lui rende des comptes sur les 11 milliards de dollars annuels d'achats d'armes que Ahmed Gaïd Salah gère depuis qu'il été ressuscité par Abdelaziz Bouteflika.
Une question subsite: la corruption et les corrupteurs partis, l'imposteur restera-t-il toujours l'homme fort du pays?