Algérie: Ahmed Djeddaï dit ses quatre vérités à Gaïd Salah

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Le 30/04/2019 à 10h33, mis à jour le 30/04/2019 à 10h37

Ahmed Djeddaï demande au général de corps d'armée et chef d'état-major général des armées d'arrêter de tenter de faire diversion et de s'attaquer aux vrais responsables du système qui ont pillé l'Algérie.

Alors que Gaïd Salah ne supporte plus la critique, Ahmed Djeddaï, l'ancien secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d'opposition algérien, décoche ses flèches contre le nouvel homme fort du pays. 

Lors d'une conférence animée hier, lundi 29 avril, à l'Université de Bouira, Ahmed Djeddaï a estimé que le vice-ministre de la Défense fait dans la diversion, allant à contre-sens de la volonté populaire.

Les poursuites engagées contre des hommes d'affaires et de haut responsables de l'appareil militaire en sont l'illustration, a-t-il soutenu. 

"Ces poursuites, a-t-il dit, visent à détourner l’opinion publique qui demande un changement radical en lui donnant quelques ‘têtes’. Ces personnes incarcérées et poursuivies en justice sont innocentes jusqu’à preuve du contraire". 

Au lieu de chercher à faire oublier aux Algériens leur principale revendication, Ahmed Gaïd Salah devait se demander pourquoi les politiques et les responsables de la "faillite du pays" ne sont, quant à eux, pas inquiétés.

C'est le cas, par exemple, de Saïd Bouteflika contre lequel des preuves accablantes ne cessent de s'accumuler.

Les dernières révélations en date sont celles du général Khaled Nezzar, qui, se sentant acculé par le chef d'état-major général des armées s'est empressé de balancer celui qu'il appelait "Si Saïd", en signe de respect, il y a encore un mois.

Le général Nezzar a en effet accusé Saïd Bouteflika d'avoir voulu destituer le général Ahmed Gaïd Salah et essayé de décréter "l'Etat d'exception", mais aussi et surtout d'avoir usurpé les prérogatives qui revenaient à son frère, Abdelaziz Bouteflika, le président désormais démissionnaire.

Pourtant, Saïd Bouteflika est toujours officiellement conseiller à la présidence de la république, puisque jusqu'ici, aucun décret n'est venu mettre fin à ses fonctions, alors que pas plus tard que le week-end dernier, Hebba El Okba, le conseiller de Bouteflika hérité par Abdelkader Bensalah qui dirigeait les concertations mortes-nées du lundi 22 avri dernier, a été limogé, comme ce fut le cas de trois autres conseillers, juste avant lui. 

Autre cacique du régime, sans le départ duquel le système restera aussi nuisible qu'auparavant, Ahmed Gaïd Salah lui-même.

Mais en ces temps troublés, Ahmed Djeddaï préfère quant à lui, en toute prudence, ne pas s'aventurer sur un terrain aussi glissant. 

Par Djamel Boutebour
Le 30/04/2019 à 10h33, mis à jour le 30/04/2019 à 10h37