Sur un plan judiciaire, la situation se corse pour le clan des Bouteflikistes. En effet, le président par intérim Abdelkader Bensalah, a limogé le jeudi 16 mai, coup sur coup, le procureur général de la Cour de justice d’Alger et le procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed.
Ces limogeages interviennent le jour même de la comparution de plusieurs personnalités politiques du régime de Bouteflka au tribunal de Sidi M’Hamed afin d’être entendues par le juge d’instruction sur des affaires liées à la corruption dont deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, l’ex-wali d’Alger Abdelkader Zoukh, l’ex-ministre Amara Benyounès et Ali Hadad, l’ex-président du FCE.
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C’est dans le tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger que les oligarques et autres barons du régime, proches du clans Bouteflika, sont entendus par la justice.
Désormais, c’est Belkacem Zeghmati qui est nommé à la tête de la Cour de justice d’Alger. Et c’est à lui que reviendra la tâche d’ouvrir les enquêtes et de les diriger contre plusieurs personnalités politiques et hommes d’affaires dont certains ont déjà comparu devant le tribunal de Sidi M’hamed.
Son retour intervient dans un contexte marqué par l’ouverture de plusieurs enquêtes sur la corruption et dont la quasi-totalité des accusée sont des proches du clan Bouteflika.
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Belkacem Zeghmati n’est pas un inconnu de la justice algérienne et du clan Bouteflika. C’est en effet lui qui avait lancé, en 2013, des mandats d’arrêt contre l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, sa femme et ses deux enfants dans le cadre de l’enquête sur le scandale Sonatrach II.
Cette affaire, qui coïncide dans le temps avec l'AVC qui avait terrassé Abdelaziz Bouteflika, avait éclaboussé le cercle présidentiel, y compris le frère du président, Saïd, aujourd'hui en prison.
Cette situation avait poussé le président Bouteflika a réagir en limogeant le général Toufik, soupçonné être à l'origine de cette situation, avant que le procureur Belkacem Zeghmati ne soit lui aussi limogé en septembre de la même année, payant ainsi son audace d’avoir approché des proches du clan Bouteflika de cette manière.
Le retour de Zeghmati, qui connait bien les dossiers de corruption impliquant les proches de Bouteflika, intervient suite à la demande du nouvel homme fort d’Algérie, le général de corps d’armée Gaïd Salah, de réouverture du dossier de la Sonatrach, et donc de celui chargeant Chakib Khelil et de ses protecteurs, particulièrement Saïd Bouteflika. C'est dire qu'avec Belkacem Zeghmati, la situation risque d'être corsée pour les "bouteflikistes".