Algérie: la Ligue des droits de l'Homme dénonce les "manoeuvres" de Ahmed Gaïd Salah

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Le 10/05/2019 à 10h27, mis à jour le 10/05/2019 à 10h28

L'ONG la Ligue algérienne des droits de l'homme vient de dénoncer les "manœuvres" de l'Armée nationale populaire, adoptant un ton qui défie directement Ahmed Gaïd Salah.

Après l'arrestation de Louisa Hanoune, leader du Parti du Travail (PT), les réactions n'ont pas tardé à tomber. La Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) estime que l'incarcération de cette femme politique, "après sa comparution en tant que témoin", ouvre la voie à "tous les scénarii et toutes les dérives". 

Cette ONG, dirigée par Saïd Salhi, se pose une question qui traduit l'inquiétude qui s'est désormais emparée des Algériens dans leur grande majorité, en désignant nommément le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah.

"Cette affaire «de conspiration contre l’armée» ne sera-t-elle pas un bon alibi pour faire taire toutes les voix discordantes contre la feuille de route politique que le général Gaid Salah veut imposer au peuple?", s'interroge l'ONG dans un communiqué.

Mais pour la LADDH, il y a surtout lieu de dénoncer l'actuelle dérive de l'armée algérienne. Car selon l'ONG, "la situation prend dangereusement une autre tournure, le coup de force s’installe en faveur d’une transition clanique, où de plus en plus, l’armée nationale populaire apparaît être au centre de la manœuvre".

L'ONG conclut son communiqué en lançant un appel à une forte mobilisation ce vendredi, pour une "12e marche"consécutive, afin que "le mouvement populaire [poursuive] la mobilisation et [garde] le cap autour de son objectif principal revendiqué depuis le 22 février, à savoir le départ du système et de ses symboles". 

C'est la première fois que le général Ahmed Gaïd Salah et l'armée sont dénoncés de la sorte par une ONG de défense des droits de l'homme.

Le fait que l'armée ne parvienne plus à cacher son jeu, même avec les discours trompeurs du chef d'état-major y est sans doute pour quelque chose. 

Car jusqu'ici, Ahmed Gaïd Salah a affirmé oeuvrer dans l'intérêt du peuple. Tant qu'il s'est attaqué à ceux qui sont clairement identifiés comme des acteurs au coeur du système, comme Saïd Bouteflika ou certains oligarques dont Ali Haddad, sa démarche, bien que douteuse, pouvait paraître crédible.

Toutefois, à présent qu'il s'attaque à une militante de longue date, qui plus est une députée qui a préféré démissionner aux premières heures de la révolution, le chef d'état major de l'armée algérienne ne cache plus son jeu. Il est désormais clair que Ahmed Gaïd Salah veut s'accaparer le pouvoir à lui tout seul. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/05/2019 à 10h27, mis à jour le 10/05/2019 à 10h28