Algérie: le pouvoir ne cède rien et plonge le pays dans l'incertitude

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Le 07/06/2019 à 12h00, mis à jour le 07/06/2019 à 12h03

Le régime algérien continue de s'entêter et refuse de faire des concessions. Abdelkader Bensalah s'accroche désormais à la décision du conseil constitutionnel pour continuer à exercer ses fonctions de chef de l'Etat. C'est plus que jamais l'impasse pour ce 16e vendredi de contestations.

Contrairement à ce qu'on a toujours pensé, le pouvoir algérien ne joue plus la montre. Il sait que le mouvement de contestation populaire, qui vient de survivre aux privations du mois de ramadan et au durcissement du régime, ne faiblira pas avant d'avoir obtenu gain de cause.

Il n'a donc plus rien à attendre, et surtout pas que les millions de manifestants se fassent à l'idée d'une hypothétique élection présidentielle dont l'organisation a échoué une seconde fois.

Pourtant, les autorités algériennes ont choisi de ne faire aucune concession, ni sur leurs revendications de premier plan, comme le départ de Abdelkader Bensalah ou de Ahmed Gaïd Salah, ni sur des demandes placées au second plan, comme l'exigence de plus de libertés. Cette attitude engage l'Algérie toute entière dans une voie sans issue. 

Dans le discours qu'il a tenu hier, jeudi 6 juin, à la veille du 16e vendredi de protestation, Abdelkader Bensalah a choisi de ne parler ni de la libération des dizaines de détenus d'opinion, ni des restrictions sur les manifestations, ni d'une réelle indépendance de la justice, encore moins du constat de son propre échec, qui aurait dû le pousser à la démission. Pour lui, encore une fois, l'unique issue possible reste l'organisation d'une élection présidentielle dont il n'ose même plus en fixer la date. 

Il a également appelé au dialogue, sans réellement savoir quelle forme lui donner. Tout porte désormais à croire que cet énième appel au dialogue restera lettre morte, comme la conférence de début mai, à Alger, où lui-même avait été compté parmi les absents. 

La difficulté du régime algérien à sortir de la crise est donc réelle, et tient à la nature spontanée de cette révolution en marche, qui n'a pour le moment pas de leader faisant l'unanimité. Ce fait avait d'ailleurs été souligné dès le début des marches pacifiques par un chercheur algérien qui proposait d'élire le président de la république à la loterie. 

Le sociologue Hicham Rouibah avait en effet estimé qu'il fallait organiser les manifestations au niveau local pour impliquer les Algériens dans le choix des candidats possibles.

Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah gagneraient à mieux se faire conseiller, en répondant urgemment aux exigences de la rue, s'ils veulent éviter à l'Algérie d'être menée à la catastrophe. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 07/06/2019 à 12h00, mis à jour le 07/06/2019 à 12h03