Algérie: la société civile prend Gaïd Salah au mot, mais sa solution ne lui plaira pas

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Le 16/06/2019 à 18h03, mis à jour le 16/06/2019 à 18h06

La société civile algérienne vient de produire une feuille de route où elle appelle à mettre en place une instance présidentielle consensuelle. Une option qui a été rejetée par Ahmed Gaïd Salah.

Si Ahmed Gaïd Salah voulait que la société civile lui fasse des propositions de sortie de crise, il est servi. Sauf que la feuille de route issue de quatre réunions, dont la dernière s'est tenue hier samedi 15 juin, risque de ne pas plaire au généralissime chef d'état-major des armées. Car elle rejoint la principale revendication des millions de manifestants, consistant à mettre en place des institutions solides devant piloter la transition démocratique. 

Sortir de l'impasse dans laquelle le pays est plongé

"La situation politique du pays aboutit presque à une impasse qui nous oblige, en tant que société civile faisant partie de cette patrie et impliquée dans le hirak, de répondre à l’appel du devoir national car consciente de la dangerosité de la période actuelle", écrivent les participants à ce dialogue restreint.

"Nous assumons nos responsabilités devant le peuple et devant l’Histoire. Nous voulons aller vers une période historique bâtie sur la souveraineté populaire et faire des propositions concrètes avec des étapes claires", disent-ils. 

Il convient de rappeler que cette plateforme revendique sa légitimité du fait qu'elle regroupe plusieurs composantes des cinq dynamiques de la société civile que sont les syndicats (éducation et santé principalement), le Collectif de la société civile pour la transition démocratique, le collectif Amel des associations religieuses, le Forum civil pour le changement et le collectif de l’Association des oulémas.

«Nous ne représentons pas l’ensemble de la société civile, mais nous devions nous rencontrer. Chacun a son orientation et sa pensée. Nous avons réussi en tant qu’Algériens à nous mettre à la même table pour débattre de la situation politique dans le pays», a souligné, d'emblée, Sadek Dziri, président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (UNPEF). 

Selon lui, deux idées se sont affrontées tout au long de ces quatre rencontres, à savoir celle de Gaïd Salah et du gouvernement qui favorise l’organisation de l’élection présidentielle, et celle beaucoup plus crédible de l’élection d’une Assemblée constituante avant la tenue de la présidentielle.

Cela devrait commencer par le choix d'une personnalité algérienne faisant consensus ou l'élection d'une instance présidentielle de transition pour une durée de six mois. C'est en tout cas la proposition figurant sur la feuille de route distribuée aux deux centaines de personnes qui étaient présentes à la réunion de ce samedi. Ce n'est qu'après cette étape que la société civile propose de revenir au processus électoral. 

Mettre fin à l'autoritarisme

"Accélérer la transition démocratique douce, selon un processus électoral, consacre la rupture avec l’autoritarisme et la corruption et garantit la construction d’institutions légitimes et crédibles", souligne la feuille de route. 

Et d'ajouter: "La réussite de ce processus politique exige la préparation d’un climat général où seront exercés les droits et les libertés individuelles et collectives et où seront respectés les droits humains, à travers des mesures d’accompagnement de l’action politique, en vue de consolider la confiance par les citoyens et s’assurer de leur engagement effectif dans ce processus national historique". 

En outre, la société civile appelle toutes «les forces agissantes» à se regrouper autour de cette initiative pour «la concrétiser et la faire réussir».

Par Djamel Boutebour
Le 16/06/2019 à 18h03, mis à jour le 16/06/2019 à 18h06